Et voici Eco-Lavaux, un chasselas pour promouvoir les crus de proximité ()

EcoLavaux.JPGVigneron à Chexbres, Constant Jomini lance un vin qui imite l’étiquette énergétique afin de sensibiliser le public au coût écologique des vins importés.

L’étiquette, à elle seule, en dit long sur le projet développé par Constant et Sophie Jomini: elle imite l’étiquette énergétique qu’on trouve d’habitude sur les appareils ménagers ou les voitures, pour montrer combien ce cru de Saint-Saphorin est peu gourmand en énergie. Et, surtout, elle le fait avec un beau sourire, comme celui qui habite le visage de ce grand gaillard au crâne rasé quand il parle de son bébé.

Proximité essentielle

Le vin est, bien sûr, local. Mais la bouteille qui le contient a été fabriquée à Saint-Prex. Pour le transporter, un carton recyclé élaboré à Moudon. Pour l’habiller, une étiquette en papier non blanchi au chlore. Et, pour le conserver, un bouchon en aggloméré de liège, histoire d’épargner les derniers chênes d’Europe.

«L’idée nous trottait dans la tête depuis un moment, explique le vigneron de Chexbres. Nous nous étions inscrits à l’initiative 1% pour la planète et, depuis, nous reversons 1% de notre chiffre d’affaires annuel à des organisations environnementales. Nous avions envie d’aller plus loin.»

Constant Jomini a calculé que la Suisse importait chaque année 260 millions de bouteilles de vin, ce qui, si on les posait côte à côte, représenterait la surface de 182 terrains de football. «Je ne conteste pas la qualité des vins du Nouveau Monde, mais vous imaginez le coût énergétique nécessaire pour faire venir ces bouteilles?»

Cet Eco-Lavaux est donc d’abord un vin de prise de conscience, une manière de rappeler au consommateur qu’en achetant un vin étranger bon marché au supermarché, il ne paie pas toute l’énergie grise qui se cache derrière. L’acheteur d’Eco-Lavaux participe, lui, à la sauvegarde de la planète, puisque 10% du prix payé (à la cave ou au restaurant) sera reversé à une organisation de protection de la nature. Et les internautes pourront voter sur le site internet mis en place afin de décider à quelle organisation reviendra l’argent.

Etendre le concept

S’il n’a produit que 3000 bouteilles de son vin, Constant Jomini espère convaincre d’autres vignerons vaudois de suivre sa démarche. Il en a déjà tâté quelques-uns, qui se sont montrés timides. Mais il ne désespère pas de voir un jour un Eco-La Côte ou un Eco-Nord vaudois. «Je ne fais pas ça pour l’argent, vous savez, j’y suis de ma poche, mais je m’en serais voulu de ne pas essayer.»

www.eco-lavaux.ch


Le vin

Ce chasselas Classe A 2009 décrit par Jérôme Aké Béda, le sommelier de l’Auberge de l’Onde, à Saint-Saphorin: «Le premier nez est élégant et très aérien avec une ouverture sur des arômes de pêche de vigne et de reine-claude. A l’agitation, le deuxième nez évoque une fine note de bonbon anglais dans un profil pur et racé avec une expression minérale très marquée (pierre mouillée). Le toucher de bouche est vraiment remarquable: construit sur la finesse et montrant beaucoup de noblesse dans son acidité et sa minéralité. En milieu de bouche, le vin semble égrener sa grande classe: tension, digestibilité et pureté dans un registre homogène. Finale sapide et gouleyante imprimant au nectar une classe
à part.»

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