A Rossinière, le Jardin des Monts démontre une belle altitude ()

JardindesMonts.jpgLa rénovation d’une ferme à Rossinière a donné une herboristerie de montagne qui produit sirops, infusions ou cosmétiques

Le chalet du XVIIIe s’appelait l’Arche de Noé, et ce nom semble prédestiné pour un projet de conservation du patrimoine du Pays-d’Enhaut. Ce chalet de Mont-Dessous à 1350 m d’altitude, celui de Mont-Dessus (1650 m) et les 50 hectares de pâturages et de forêts qui les entouraient ont été achetés en 2006 par Pierre Landolt. L’entrepreneur passionné de nature et héritier de la famille Sandoz est tombé amoureux de ce coin de terre qui domine Rossinière, de cette ferme de l’Entlebuch plantée sur une épaule de ces terrains si pentus. Il a consacré énergie et argent à rénover les lieux, jusqu’au toit en tavillons, tout en lançant des projets pilotes pour réhabiliter l’agriculture de montagne.

D’un côté, il y a Tchivra, un troupeau d’une quarantaine de chèvres que mène Jean-Philippe Blum, et la volonté de développer de nouveaux produits, fromages ou viandes, réalisables dans un chalet de montagne. De l’autre, le Jardin des Monts réunit la fille de Pierre Landolt, Charlotte, et Laetitia Jacot, la compagne de Jean-Philippe Blum, dans une herboristerie de montagne originale. Car Mont-Dessus possédait 17 terrasses posées dans les courbes de niveau, et l’équipe s’est attelée à restaurer celles qui pouvaient l’être.

C’est ici que les deux jeunes femmes cultivent une bonne trentaine de plantes depuis 2009. «Nous avons essayé diverses plantes pour être sûrs qu’elles pourraient s’acclimater, explique avec enthousiasme Charlotte Landolt. Et, au final, on se rend compte que beaucoup d’entre elles étaient déjà présentes ici dans le temps.» D’autres, comme la nepeta, venue des pays de l’Est, ou la menthe marocaine, ont trouvé l’alpage très accueillant.

S’il n’y a que 2000 m2 consacrés à ces cultures, cela suffit amplement à occuper les deux trentenaires depuis les travaux de printemps, où l’on soigne les vivaces tandis qu’on plante les annuelles, jusqu’à la cueillette. Faite à la main, évidemment. «Pour les fleurs, par exemple, il faut les cueillir chaque jour si on veut conserver leurs qualités», affirme Laetitia Jacot, qui a suivi une formation d’herboriste en plus de son métier d’horticultrice.

Les deux jeunes femmes suivent une charte pour pouvoir faire de la cueillette de plantes sauvages dans les alpages environnants. Achillée, aspérule odorante, primevère officinale, sureau noir ou framboisier nécessitent donc de grandes marches sur les hauteurs pour les dénicher, puis les cueillir en veillant à leur conservation. «Quand on a commencé, les gens d’ici nous regardaient un peu bizarrement, se demandant ce qu’on allait pouvoir cultiver là-haut», rigole Laetitia. «Mais on a toujours privilégié le travail avec la région, partagé les idées avec ses habitants, par exemple lors des marchés auxquels on participe, les tests effectués avec les gens du lieu. J’espère qu’on est acceptés maintenant», avance Charlotte.

«On s’est d’abord demandé ce qu’on pouvait faire de nos plantes, poursuit-elle. On s’est très vite rendu compte qu’il fallait fabriquer ici des produits finis. C’est comme ça qu’on a commencé les infusions.» Les feuilles et les fleurs sont mises à sécher dans un vieux fenil, dans l’obscurité pour préserver les couleurs. Puis elles patientent dans de grands sacs jusqu’au moment où seront fabriquées les infusions (au nombre de quatre). «C’est important de garder les feuilles intactes pour qu’elles conservent leurs saveurs. On mélange donc au dernier moment», explique Laetitia.

Puis sont venus les sirops. Fabriqués à l’ancienne avec simplement du sucre et sans acide citrique. Enfin, une ligne de soins, huile pour le corps, baumes pour les mains et pour les lèvres. «Là, on fait les macérats au chalet, puis on collabore avec un laboratoire bio, explique Charlotte. Comme tout ce qu’on fait, les recettes sont simples, authentiques et inspirées par les anciens. Les plantes parfois oubliées sont remises au goût du jour par nos produits.»

Informations et liste des points de vente sur www.jardindesmonts.ch

Production bio et éthique

Tout dans l’exploitation et la production respecte l’environnement et l’éthique. Traitements biodynamiques, arrosage minimal, cueillette manuelle, etc. Les jardins mélangent les espèces et accueillent insectes, poules et même des serpents. «On avait tout mis en place pour leur donner un biotope, mais là on a même des vipères sur le pas-de-porte, ça devient un problème», sourit Laetitia, mère de deux petits enfants. Les emballages de leurs produits sont minimaux et la manutention faite dans des ateliers protégés. Toute l’exploitation est labellisée bio Bourgeon.

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