Le blog de Dave

Cette semaine, une plainte a été déposée en Suisse par Nespresso contre Migros, qui commercialise les capsules Café Royal; et l’affrontement entre le géant suisse et son premier concurrent, Ethical Coffee Company (ECC), devant un tribunal de Düsseldorf. Les avocats ont de beaux jours devant eux avec le café portionné puisque, rien que dans notre pays, Nespresso a déposé une plainte contre ECC (qui a remporté une manche le 6 juillet devant le Tribunal fédéral), qui ne vend toujours pas ses produits ici, Denner, Fust et Migros, en fait contre tous ceux qui vendent des capsules compatibles.

Il faut dire que ce marché attise les appétits. Nespresso annonce un chiffre d’affaires de 3 milliards de francs et a réussi à tenir ses clients captifs pendant plus d’une décennie. Jusqu’en 2010 et les premières ventes de capsules compatibles par ECC, puis par le géant américain Sara Lee. Depuis, le marché ne cesse de s’ouvrir dans le monde et même en Suisse, sa patrie d’origine. Le premier à dégainer, outre ECC, a été Denner, en décembre 2010, avant une interdiction, levée en juin 2011. Puis Media Markt doit cesser de vendre les ECC après quelques jours, et Coop renonce. En mai 2012, Migros et Fust lancent leurs produits, Café Royal pour le premier, Èspresso (Caffè Vergnano 1882) pour l’autre.

De notre côté, nous avons voulu tester ces différents cafés, à l’aide d’un jury de professionnels. Un cuisinier italien authentique, Luca Santoro, de Pasta e Sfizi, à Lausanne; l’ancien pâtissier du Pont de Brent et de l’Auberge de l’Onde de Saint-Saphorin, aujourd’hui consultant international, Philippe Blondiaux; le directeur de Vogel Vins et des bars à vins Yatus, Julien Vogel; assisté du signataire, responsable de la gastronomie à 24 heures.

Emballages trop grands

Premier critère: l’emballage et les capsules. Les marques des trois distributeurs offrent des cartons volumineux, qui contiennent des capsules emballées individuellement dans un sachet. Un mauvais point, d’autant que les capsules elles-mêmes ne sont pas recyclées. Sur ce point, ECC possède un avantage certain: le carton est modeste, un sachet plastique protège les 10 dosettes, elles-mêmes entièrement compostables. C’est le credo de Jean-Paul Gaillard, l’ancien de Nespresso qui a fondé l’entreprise, qui fabrique aujourd’hui près de Genève, côté français. De son côté, Nespresso a 2600 points de collecte en Suisse et a lancé cette semaine un nouveau service en collaboration avec La Poste, où le facteur récupérera les capsules usagées à domicile pour les recycler.

Pas toujours pratiques

Les capsules Nespresso glissent facilement dans la machine idoine, très logiquement. Celles des concurrents sont parfois un peu plus dures lors de la mise en place. Dans de rares cas, Migros a dû remplacer quelques machines abîmées par son Café Royal. Ses sachets sont difficiles à ouvrir.

Goût: les jurés cohérents

Un jury est forcément subjectif, certains préférant le ristretto long de 17 gouttes et un peu amer, d’autres un café rond au gras marqué en bouche. Mais les résultats sont assez unanimes. Les deux cafés de Denner, s’ils sont les moins chers, ont obtenu deux mauvaises notes, même si l’Indian Summer a été sauvé par Luca Santoro. Les produits Fust font un peu mieux, en particulier le Cremoso, qui atteint la moyenne. Résultat mitigé pour les cafés ECC: l’Espresso n’a pas vraiment séduit les quatre testeurs alors que l’Arabica a plu et obtient la deuxième place du classement. Chez Nespresso, dans la très large gamme, nous avions sélectionné les corsés Roma et Ristretto. Le premier a étonnament peu convaincu alors que le second n’est «que» quatrième du classement, malgré un coup de coeur. La surprise vient des deux cafés Migros: l’Espresso est sur la troisième marche du podium avec son côté corsé, et le Ristretto se classe premier au général et chez trois des quatre testeurs.

La méthodologie

Nous avons sélectionné deux variétés «corsées» chez chaque fabricant pour garder un nombre raisonnable de cafés à tester. Le test a été effectué à l’aveugle complet, les échantillons étant tous présentés dans un ordre aléatoire aux testeurs.

Tous les cafés ont été tirés d’une seule et même machine «ménagère», le modèle Turmix TX 150, qui avait été détartrée avant le test. Les cafés étaient tous présentés dans les mêmes tasses blanches.

Chaque dégustateur avait une fiche à remplir pour chaque échantillon en donnant des points selon sept critères différents: 5 points au maximum pour l’aspect, 5 pour la mousse, 10 pour l’odeur, 10 pour le goût, 5 pour la complexité du goût, 5 pour la longueur en bouche et, enfin, 10 pour son appréciation personnelle. Les points étaient ensuite additionnés pour un total maximal théorique de 50.