Max Mulhaupt, un goût simple pour des produits de luxe ()

portrait,comestible,fêtesPortrait du détaillant en comestibles qui fournit beaucoup de chefs romands (photo Florian Cella)

«Normalement, je n’aime pas apparaître dans la presse, vous savez.» L’homme qui nous reçoit porte sa blouse blanche, comme toujours depuis quarante-cinq ans. Si la Suisse romande compte autant de tables étoilées, c’est un peu grâce à lui, Max Mulhaupt, qui leur livre tous les jours poissons, fruits de mer, volailles ou viandes rares, d’une qualité parfaite. Il est l’héritier d’une dynastie de comestibles débutée en 1873, lorsqu’un émigré alsacien, Armand Mulhaupt, commence à fournir aux Lausannois ses produits fins. Max, s’il représente la quatrième génération aux commandes, n’est pourtant pas né Mulhaupt, mais Andenmatten, venu au monde dans un alpage de Grächen, dans le Haut-Valais.

Personne n’attendait ce neuvième enfant de la famille, puisque son frère était né cinq heures auparavant et qu’on n’imaginait pas qu’il y avait un jumeau. Mais c’était trop de bouches à nourrir et le jeune Max est confié à la cousine Mariette et à son mari, Jean, les Mulhaupt, qui finissent par l’adopter. Comme son frère, Michel.

Dans le bureau du directeur, à Romanel-sur-Lausanne, les portraits de ses parents, Jean et Mariette, sont toujours en bonne place, comme ils veillent sur la cantine du personnel. «J’étais le meilleur ami de mon père et réciproquement.» Max a beaucoup développé l’entreprise, passant d’un commerce de détail à une société qui livre aujourd’hui ses produits fins dans toute la Suisse romande avec une vingtaine de camions une ou deux fois par jour.

A 65 ans, le patron n’est pourtant pas près de s’arrêter: «J’ai déjà touché quatre fois ma rente AVS, c’est un vrai bonheur de recevoir enfin quelque chose d’eux…» Il a prévu de travailler jusqu’à 77 ans, «comme les lecteurs de Tintin». Avec sa franchise déroutante, il avoue: «Quand je ne bosse pas, je m’emm…» Pourtant, il avoue être né flemmard et avoir appris à travailler pendant ses stages en Allemagne, la rigueur en prime. «Il faut toujours faire confiance aux flemmards, ils réfléchissent à comment faire avant d’agir…»

Celui qui aime tant les animaux voulait d’abord devenir vétérinaire. «J’ai la passion des bêtes avant celle des femmes», sourit-il, avec ce léger goût de la provocation qui le caractérise. Aujourd’hui encore, sa maison compte des aquariums et des terrariums qui occupent son temps libre. «Je me lève automatiquement tous les matins à 5 heures et demie, toute l’année. Je ne prends congé que le dimanche, et deux semaines de vacances par an. Ça agace ma femme.» Il dit en souriant avoir avec elle une relation «conflictuelle»: «C’est une Italienne du Frioul et j’ai le sang chaud. On s’aime comme des fous, mais on a besoin de s’allumer, de se confronter régulièrement.»

Il s’avoue heureux: «J’ai tout ce qu’il me faut, des amis, une famille, un travail. Et je donne du bonheur aux gens.» Ce patron «paternaliste», à l’ancienne, se soucie du bonheur de ses dizaines de collaborateurs. «Mon vœu le plus cher, c’est que, quand un gars se lève à 4 heures du mat’ pour venir bosser ici, ça ne l’ennuie pas. Et comme je suis aussi le patron du syndicat, il n’y a personne pour m’empêcher d’augmenter le salaire de qui je veux et qui le mérite.»

Ce catholique pratiquant aime manger et boire bon. Sauf en décembre, où il ne touche pas à l’alcool pendant tout le mois. «C’est aussi un mois où on double le chiffre d’affaires.» Et il fait davantage attention à ce qu’il mange. Il a ainsi perdu 25 kilos. «J’aime les choses qui ont du goût, je vais dans des brasseries plutôt que dans des gastros. J’adore la grouse, cet oiseau sauvage d’Ecosse dont la chair est bien marquée.»

A Noël, pour sa famille, dont son fils Jean-Marie, cadre dans l’informatique, il a cuisiné du chapon, «mais des Landes, hein, pas des roulés de Bresse. C’est trop cher!»

CARTE D'IDENTITÉ

1948 Naît le 14 juillet à Grächen (VS).

1957 Est adopté par les Mulhaupt.

1974 Passe sa maîtrise fédérale de détaillant.

1986 Epouse Mery et devient père.

1987 Déménage l’entreprise à Romanel.

2009 Transforme Mulhaupt en SA.

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