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À Treytorrens, Testuz se relance enfin()
Le groupe Schenk donne les moyens de ses ambitions à sa maison de Lavaux pour reconquérir les Alémaniques, sous la direction de Daniel Dufaux (Photo Patrick Martin/24 heures). Et aider la région viticole.
«Nous allons réveiller une belle endormie d’une longue hibernation!» Bernard Lukey, CEO du groupe Schenk, est enthousiaste au moment de la relance de Testuz, racheté en 2015 après ses déboires financiers et laissé un peu en déshérence depuis. Dès le 1er octobre, tout redémarre, avec des hommes et des moyens. Côté humain, c’est la nomination de l’œnologue Daniel Dufaux, qui avait fait des miracles chez Badoux avant de devenir chef des opérations du groupe. Lionel Chevalley, œnologue chez Obrist, devient responsable de la vinification de Testuz.
Côté moyen, il y a la modernisation de l’outil de production, qui permettra de nouveau d’encaver à Treytorrens, à côté de la route cantonale. Il y a le projet d’installer ici, dans un deuxième temps, une belle vitrine œnotouristique dans un «endroit magique», comme le dit Daniel Dufaux. Et une grosse campagne marketing permettra de relancer des marques fortes, particulièrement en Suisse alémanique. «Nous recentrons Testuz uniquement sur les vins de Lavaux, avec le Coup de l’Étrier et le carré magique des appellations, L’Arbalète en Dézaley, Le Puîné en Calamin, Roche Ronde en Saint-Saphorin et Le Cent-Suisse en Épesses», explique Christophe Chauvet, responsable des marques chez Schenk.
Qualité et promotion
Daniel Dufaux, qui garde ses autres fonctions, revient en terres connues, puisqu’il a été œnologue de la maison en 1994 pendant douze millésimes, «pendant ses heures de gloire». À l’époque, le vin phare, le Coup de l’Étrier se vendait à plus de 300’000 bouteilles. Aujourd’hui, l’ensemble de la gamme atteint le tiers. «Notre idée est de refaire à Lavaux ce que nous avons réussi au Chablais. Là-bas, Les Murailles, lancée par Henri Badoux, est une marque forte, que nous avons pu décliner également en rosé, en rouge et en brut.» Avec des ventes globales qui dépassent le million de bouteilles et qui permettent d’acheter de la vendange à des prix records.
«Ici, Jean Testuz avait fait de même avec le Coup de l’Étrier, à nous de lui redonner son succès.» Le vin se décline déjà en rosé et en rouge, en AOC Lavaux toujours et non pas en Épesses Grand Cru. Parallèlement, les quatre autres marques régionales vont également bénéficier des efforts de l’équipe et connaîtront aussi une déclinaison en rouge. «Nous l’avons vu pendant la crise du Covid, les marques fortes n’ont pas souffert», rappelle Bernard Lukey, qui entend resserrer le nombre de vins au catalogue de la maison rolloise, en donnant à chaque entité une identité forte.
Donner confiance
Pour se relancer, Testuz compte sur tous les canaux de vente, les privés, la grande distribution et la gastronomie. «Particulièrement outre-Sarine, les consommateurs ne connaissent pas tous les vignerons et tous les vins. Alors, s’ils retrouvent une marque qu’ils connaissent bien, ils lui font confiance, au magasin ou au restaurant, explique Daniel Dufaux. À nous de lui garantir une qualité constante tout au long de l’année, même si nous faisons des grands volumes et plusieurs mises en bouteille.» Avec Lionel Chevalley, ils ne vont pas changer le style des vins de Lavaux, axés sur la minéralité, mais en allant encore plus loin dans la qualité. «Ce n’est pas toujours le plus excitant pour un œnologue, mais c’est un superdéfi.»
Si la nouvelle équipe réussit son projet, «cela bénéficiera à tous les vignerons de Lavaux, affirme Blaise Duboux, leur président. C’est enfin une bonne nouvelle dans cette année 2021 compliquée.» «C’est une supernouvelle pour la région», enchaîne Vincent Bailly, directeur de Lavaux Patrimoine mondial. En termes d’image globale pour promouvoir les vins des trois AOC, bien sûr, mais aussi pour les producteurs, qui pourront vendre davantage de raisin. «Nous devons fidéliser nos partenaires actuels, explique le nouveau directeur, puisque la qualité vient d’abord de la matière première. Et j’espère que nous pourrons bientôt acheter davantage.»