Tant que germeront les graines ()

GRAINE.jpgUrs Gfeller s’est lancé dans les graines juste avant le scandale allemand. Ses produits bio sont irréprochables

Au printemps, les Gfeller, maraîchers à Sédeilles, près de Payerne, rachetaient une petite entreprise de graines germées pour étoffer leur offre. Six semaines plus tard, les autorités sanitaires allemandes accusent un producteur de graines germées d’être à l’origine de l’épidémie de bactéries E. coli qui tuera finalement 33 personnes. Les ventes des pousses de la famille Gfeller chutent de 50%. «Cette histoire a été terrible parce qu’elle a jeté un discrédit sur toute une production. Chez nous, les conditions d’hygiène sont irréprochables et nous n’avons aucun souci pour la qualité de nos produits.»

Ce sont les parents qui ont commencé les légumes, enfin surtout Madame. Elle exploitait son jardin potager de Vauderens, dans les années 80, au point de se mettre à vendre une partie de sa production. Elle est parmi les pionnières du bio en Suisse puisqu’elle obtient le label Bourgeon (qui ne s’appelait pas encore comme cela) en 1986 déjà. Son fils Urs suit une formation de maraîcher terminée par une école d’ingénieurs. En 1994, toute la famille déménage à Sédeilles. Au fil des années, l’entreprise ne cesse de croître, cultivant aujourd’hui 10 hectares en pleine terre et 2000 m2 de serres.

265 légumes sur l’étal

«Nous produisons aujourd’hui 80 légumes différents, dont beaucoup en plusieurs variétés. Trente-quatre sortes de tomates, par exemple.» Soit un total de… 265 légumes au long de l’année, que les Gfeller vendent au marché de Fribourg, au domaine ou sur internet grâce à des tournées de livraison. Ils cherchent toujours des espèces disparues, sont partenaires de Pro Specie Rara, qui veut maintenir les légumes menacés, se fournissent parfois en graines auprès de la coopérative Kokopelli, qui poursuit les mêmes buts.

Urs et sa femme Katrin aiment aussi les graines germées, qu’ils produisent en petites quantités, jusqu’à cette opportunité de rachat. Ils ont récupéré les installations de l’ancienne laiterie de Sédeilles pour y installer leurs germinateurs dans des locaux hygiéniques et une chambre froide. Les graines sont d’abord lavées, plus ou moins longuement selon les espèces. Elles sont ensuite placées dans des plateaux qui seront régulièrement arrosés, parce que c’est bien l’eau qui va démarrer la germination de la graine. «C’est le même processus que dans la terre, la graine renfermant en elle suffisamment d’énergie pour s’ouvrir et développer ses deux premières petites feuilles et sa première racine.» Certaines termineront leur germination sur ces plateaux. D’autres, comme l’alfalfa, la plus connue, iront ensuite dans un germinateur rotatif. Ici, tous les quarts d’heure, elles seront arrosées avant que la machine ne tourne pour aérer et démêler les pousses qui s’entremêlent. Le processus dure de cinq à dix jours selon la variété.

En fait, même si on connaît surtout celles d’alfalfa, de cresson de fontaine ou de moutarde, toutes les graines peuvent être germées. «Le goût est en général deux fois plus fort que dans le légume. Aujourd’hui, on en propose douze variétés mais on réfléchit déjà à la suite. Pendant nos portes ouvertes, carotte et colza ont été très appréciés, le fenouil était presque trop puissant. Pour les lancer, on attend que les derniers effets de la crise soient effacés.» Il manque encore environ 20% des 10 à 12 tonnes de germes vendus annuellement.

www.gfellerbio.ch

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