Laurène et son petit triporteur gourmand ()

marché,épicerie,portrait,morges,pully,veveyElle parcourt les marchés avec ses bons produits et amène même l’apéro

Certains matins où il fait froid, où il pleut, au moment de partir à l’aube faire une heure de route avec son épicerie mobile, Laurène Target pourrait regretter d’avoir changé de vie. Mais la Lausannoise n’a jamais remis son choix en question. Avant, la désormais trentenaire, après des études de Lettres, travaillait dans une petite entreprise de vêtements de ski. «Mais rester enfermée dans un bureau toute ma vie, j’en serais morte», rigole-t-elle. Elle cherche son destin. «Comme beaucoup de jeunes de ma génération, j’en avais un peu marre de me sentir flouée par ce qu’on me donne à manger, à vivre ou à travailler. Et, dans le domaine de la nourriture, j’avais envie d’en savoir plus.»

Rencontre à trois roues

Elle sillonne la Suisse à la recherche d’artisans, monte un business plan pour ouvrir une petite épicerie locavore et gourmande, désespère devant le prix des locaux jusqu’à ce coup de foudre, fin 2010: elle découvre chez un brocanteur une Ape, ces petites camionnettes à trois roues si typiques de l’Italie. «Elle m’attendait. Je l’ai tout de suite achetée, puis aménagée avec deux copains bricolos.» Chez Laurène, la petite épicerie, a démarré au quart de tour (mais à 65 km/h).

La voilà donc qui sillonne les marchés du coin, de Morges à Vevey en passant par Pully, mais pas à Lausanne qui ne sait pas très bien quoi faire de ce magasin roulant. Parallèlement, son compagnon, qui est dans le secteur, lui monte un site internet, la pousse dans les réseaux sociaux. «Une affaire comme celle-là, ça ne marche que si on la personnalise, avoue-t-elle. Même si c’est contre ma nature de me mettre en avant.» Mais Facebook ou Twitter lui permettent de signaler les événements spéciaux, de rester en contact avec sa clientèle. «Depuis trois ans, j’ai beaucoup d’habitués. De gens qui attendent mon pain d’épices ou qui cherchent un sirop particulier. A moi de remonter leurs demandes chez mes fournisseurs.»

Car le credo de Laurène, c’est bien de mettre en avant ces petits artisans du coin. Ces derniers font très bien ce qu’ils savent faire sans toujours réussir à distribuer leurs produits correctement. «On a un vrai partenariat.» Chez Laurène, il y a donc toute la gamme des caramels de La Crème renversante, de Valérie Henchoz, à La Chaux-de-Fonds. «Je l’ai connue par ma grand-mère chaux-de-fonnière.» Ou les terrines, tapenades ou foies gras de David Couchinave (Les Délices du Sud-Ouest, à Clarens). «Il a monté sa conserverie. Mais il n’aime pas que je parle de lui parce que sa production est toute petite.»

La Tablée sauvage

Parmi sa quinzaine de producteurs, elle rencontre aussi Stéphanie Dévaud, une jeune Lausannoise qui court les montagnes pour y dénicher des herbes sauvages dont elle fait des sirops, des tisanes ou des confitures, en collaboration avec Laurène. «Autrement, je ne produis pas grand-chose, du pain d’épices, du granola ou quelques confitures. Je n’ai ni le temps ni la structure pour le faire», explique la jeune femme. A elle, donc, la charge de faire vivre les produits, de «raconter des histoires qui séduisent les clients.»

Bien sûr, ce n’est pas facile de vivre de ce petit commerce. «Mais je suis têtue et obstinée. Ça commence à tourner et je sens que j’ai construit quelque chose. Avec «j’apporte l’apéro» (lire ci-contre), j’ai élargi mon offre et j’ai d’autres projets pour cette année. Il faut que ça marche!»

www.chezlaurene.ch. Série de produits chez Fricote, rue Marterey 36, à Lausanne.

LIVRAISONS

Laurène a développé l’idée de «J’apporte l’apéro» en 2013 où elle livre à domicile ou au bureau des cartons apéros pour quatre ou dix personnes. Elle s’est aussi beaucoup amusée à livrer des coffrets Saint-Valentin et veut récidiver pour la Fête des mères. Une aventure rendue possible du site participatif WeMakeIt. «Plus que l’argent, j’avais envie de savoir si mon concept intéressait les gens.» Elle a aussi imaginé lancer «J’apporte le petit-déjeuner», mais c’est plus difficile à cause des produits qui sont très périssables. Elle va prochainement faire livrer ses apéros par Vélocité. «Il faut que cela soit simple et rapide.»

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