L'abricot valaisan sera très beau en 2009 ()

 

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«On a commencé à cueillir et on sait qu’on ne fait plus que ça pendant cinquante jours.» A Saxon, Julot Comby est un des grands producteurs d’abricots, un fruit dans lequel «il est tombé dedans étant petit, comme Obélix». Sur le domaine de 45 hectares qu’il exploite avec son fils et son beau-fils, les fruits orange représentent 16 hectares. «C’est mon fruit préféré, et on est au cœur de sa meilleure région en Suisse.»

Depuis le début de la semaine, les frontières sont fermées aux importations, et tout le Valais s’en réjouit, particulièrement Saxon, le village qui a fait de l’abricot sa carte de visite, avec même un musée et un sentier qui lui sont dédiés. Il faut dire que le canton a représenté l’an dernier 96,5% de la production suisse à lui tout seul. Et, par conséquent, une petite moitié de la consommation nationale de 12 000 tonnes.

«C’est un fruit qui ne se conserve pas», explique Julot Comby, président du centre de production chez Fruit Union. «Nous devons donc être bons tout de suite.» Le sexagénaire a été un des premiers à diversifier les variétés, histoire d’étaler la récolte de début juillet à fin août. Des précoces Orangered aux tardives de Valence, les Valaisans peuvent être plus longtemps sur les étals et mieux gérer leurs équipes de cueillette.

Julot Comby est un fou de la qualité. «Nous avons la chance, par rapport aux étrangers, de pouvoir cueillir le matin et que notre marchandise soit dans les grands magasins le lendemain matin. Nous devons donc absolument cueillir le fruit à sa pleine maturité… même si certains ont encore de la peine à comprendre cela.»

La directive, cette année, est de garantir des fruits avec un taux de Brix (sucre) de 11% minimum, sauf pour l’Orangered, très peu acide. L’Obélix de Saxon va plus loin. Il est l’un de ceux qui prône l’éclaircissement, à savoir la suppression du surplus de fruits au printemps. «On enlève jusqu’à la moitié des fruits, pour garantir que ceux qui restent aient un bon calibre. Mais ça a un coût: un mois de travail pour une quinzaine de personnes. Et cela a un risque quand il regèle par la suite, on n’est pas assurés.» Lui fait encore de la taille verte, c’est-à-dire qu’il coupe encore des branches feuillues pour fortifier ses arbres.

«C’est la doctrine de la maison: faire du bon!» Le téléphone sonne et son sourire s’éclaire: «C’est un vrai plaisir lorsque, en pleine récolte, les clients appellent parce qu’ils ont besoin de fruits.»

"Oubliez les kiosques!"

Beaucoup de producteurs de Saxon sont opposés aux kiosques à fruits qui fleurissent au bord des routes. «Ils viennent nous acheter des fruits à bas prix et espèrent en tirer un gros bénéfice en les revendant à des touristes de passage.» Les grands distributeurs vendent depuis cette semaine exclusivement des abricots suisses, qu’ils achètent à Fruit Union. Les producteurs pratiquent également de la vente à la ferme et certains d’entre eux courent les marchés.

L’héritage de Joseph Fama

Si Saxon est devenu la capitale de l’abricot, elle le doit à Joseph Fama. Cet exilé italien arrive en 1852, rachète un domaine, développe les bains thermaux et le casino, puis crée en 1886 la conserverie Doxa. Comme les abricots se prêtent bien à la conserve, il pousse les Valaisans à planter ces arbres et son fils développe sa fabrique. Celle-ci fera faillite en 1946, alors que la production ne cesse d’augmenter suite au plan Wahlen. Alors que les importations reprennent, Berne tente de fixer des contingents, mais cela ne suffit pas. En 1953, les producteurs se révoltent, incendient un train de marchandises à Saxon. Depuis cet incident, les importations sont interdites en période de récolte indigène.

Depuis ce temps, la Luizet cède son monopole à d’autres variétés, afin d’étendre la période de production. A Saxon, les abricotiers sont plantés sur le coteau Nord. Moins ensoleillés en hiver, ils fleurissent donc plus tard, ce qui limite les risques de gel.

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