Comment les bobos ont su redynamiser le bistrot ()

avenues.jpgA Lausanne, en maximisant l’offre, les restaurants multifonctions pour trentenaires aisés et branchés cartonnent. Une nouvelle adresse vient s’ajouter à la déjà longue liste.

Au fond du restaurant, quelques fauteuils un peu avachis entourent un baby-foot de brocante: c’est le coin lounge du Café des Avenues, au bord du plus célèbre double rond-point de Lausanne, à Montchoisi. Et c’est le dernier-né de cette nouvelle génération de restaurants qui cartonnent dans la capitale vaudoise: les bistrots bobos (lire ci-après), qui s’adressent à une clientèle trentenaire et aisée à qui ils ne proposent pas que des boissons et des repas.

Car ceux-ci essaiment depuis une dizaine d’années. Il y a la tribu Wegmüller, du Bleu Lézard et de toute sa descendance: le Java, la Factoria, etc. Il y a eu le clan Bernadette Rochat, qui a relancé le Café de Montelly et le BarTabac, avant de se recentrer sur son café-théâtre, le Bourg. Du Montelly, Christophe Dubois, serveur, est monté à la Pontaise relancer les Alliés. A la Palud, Marie Amicucci et Vanessa Desponds ont gardé le Café de l’Hôtel-de-Ville malgré la fermeture du caveau artistique. Sous-gare, Anne Pittet et Christophe Roduit ont fait du Café de Grancy un rendez-vous incontournable, avant de réitérer l’expérience au Saint-Pierre. Et c’est du Grancy que sont partis Katia et Javier Fernandez pour ouvrir leur nouveau Café des Avenues.

«En démontant l’ancien resto, on a trouvé de très beaux murs. Et, comme on est fans de brocante, on a voulu faire une ambiance brasserie des années 1950», explique le jeune chef (25 ans). «Mais c’est vrai que c’est un peu dans la même famille que le Grancy, le Java ou le Bleu», admet Katia, qui a travaillé dans les deux premiers.

Les ingrédients sont là: petite carte qui change chaque semaine avec des produits frais et des fournisseurs proches, limonades et sirops artisanaux, coin canapé, brunch du dimanche. Et ce petit côté éthique et responsable. «Je n’aime pas le terme bio, je préfère fait maison, explique Javier.

Son ancien patron du Grancy, Christophe Roduit, rigole: «Bobos? Je préfère qu’on nous dise ça plutôt qu’on nous traite de fachos. Et, si bobo désigne un trentenaire qui a un peu d’argent et qui aime l’art, alors oui, notre clientèle est bobo.»

Pas de temps mort

Entre milieu associatif et monde de la musique (comme les Wegmüller ou Bernadette Rochat), Anne Pittet et Christophe Roduit expliquent leur succès par l’élargissement de l’offre par rapport à un bistrot traditionnel: «Nous nous sommes demandé quelle clientèle nous pouvions attirer à quel moment de la journée, et le résultat est là.» C’est l’avantage de ces nouveaux bistrots: pas de temps mort, pas de personnel qui se tourne les pouces. «Il faut élargir l’offre, poursuit Christophe Roduit, pas juste amener un Coca au client mais lui proposer un vrai service et une ambiance conviviale.» Et le succès de ces nouvelles pintes conviviales est au rendez-vous.

Café des Avenues, av. Jurigoz 20, Lausanne. 021 616 11 11. Fermé lundi.




Comment les reconnaître?

LE DÉCOR ressemble à celui d’un vieux bistrot, avec des tables rafraîchies, quelques objets incongrus, des journaux qui font semblant d’être posés en désordre. On peut y trouver des jeux de société, un canapé avachi ou un baby-foot. Et sans doute une expo photo aux murs, à côté du tableau noir qui annonce les spécialités. Il y a le wi-fi, et plus de Mac que de PC.

LES CLIENTS se donnent une peine folle à tenter d’avoir l’air cool, se retrouvent en groupe pour grignoter trois tapas tout en sirotant une bière (artisanale, idéalement) ou un sirop maison. Ils ont parqué à l’entrée (cochez ce qui convient): a) la poussette McLaren, b) l’étui à guitare, c) le rouleau d’architecte.

LA CARTE se la joue soit fusion pas trop évoluée, soit brasserie sophistiquée, soit faussement terroir. La tomme est bio, le tartare «rustique», la mozzarella di buffala, l’agneau à l’ail des ours. Elle comporte souvent le nom du fournisseur. Il y a normalement un brunch le dimanche.

L’AMBIANCE est à la fois ouvertement conviviale et discrètement sectaire. Il y a les habitués qui participent aux soirées à thème et les nouveaux qu’on ne regarde même pas. Ce n’est pas grave: les deuxièmes feront tout pour devenir les premiers.

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