Quand la Baronnie ausculte son Dézaley ()
Chaque année, l’association de douze propriétaires de l'appellation prestigieuse visite ses vignes et échange ses expériences. Nous l’avons suivie
Autant le dire tout de suite: le Dézaley, quand on parcourt ses vignes à la verticale, c’est raide. Mercredi, en près de trois heures de visite, les mollets en ont pris un coup. Mais c’est notre faute: avec le retour de l’AOC Dézaley Grand Cru – grâce aux corrections demandées de la loi cantonale –, nous avons voulu suivre ces dahus de la viticulture lors de leur visite annuelle des vignes de la Baronnie du Dézaley. Cette association d’une douzaine de propriétaires signataires d’une charte de qualité organise ainsi cette excursion pour valider la qualité mais surtout pour échanger. «Il faut bien le dire: nous nous entraidons, nous regardons ce qu’a fait l’autre en nous disant que c’est pas mal du tout et que nous pourrions le refaire l’année prochaine», explique Frédéric Dubois.
Défendre le Dézaley
Cela fait dix-neuf ans que la Baronnie existe, un nom suggéré à l’époque par Michel Logoz. Les membres fondateurs voulaient absolument préserver ce vignoble unique et ses méthodes ancestrales de production. Ils désiraient également défendre le chasselas. Les dix producteurs originels sont désormais douze, mais la charte de qualité et le règlement demeurent.
«Quand on s’est lancés, se rappelle Luc Massy, le président, on a réuni tous les propriétaires de la région. Tous ceux qui voulaient participer ont été les bienvenus mais ils devaient respecter les conditions.» Celles-ci vont d’une densité de plantation supérieure à 7500 pieds/ha à la date de mise sur le marché des vins, en passant par l’engagement de préserver et d’entretenir le vignoble en terrasses.
«C’est clair que ça coûte cher de s’occuper de ces vignes dans ces conditions, explique Etienne Fonjallaz. Quand il faut refaire un mur, par exemple. Ou quand il faut sortir la vendange de certaines vignes.» Pendant la visite, on suit Jean-Daniel Berthet qui connaît le vignoble comme sa poche, et chaque propriétaire. Car les parcelles sont imbriquées, parfois minuscules, au-delà de toute logique. Et on comprend les paroles d’Etienne Fonjallaz en cherchant les escaliers tout étroits par lesquels on pourra quitter la vigne. «Cela arrive parfois qu’un chef d’équipe vendange les vignes du voisin. Quand on s’en aperçoit, on ramène les caissettes», sourit un des vignerons.
Si les «barons» visitent leurs vignes, ils traversent forcément celles des voisins en continuant à commenter. «Mais attention, c’est d’abord constructif, affirme Antoine Bovard. On cherche à s’améliorer des bonnes pratiques des autres.» Ce qui n’empêche pas quelques critiques amusées. Antoine Bovard, justement, le nouveau de la Baronnie, fait visiter sa parcelle de l’Allemande, cultivée en biodynamie. Les autres sont curieux, certains n’adhèrent pas au principe, mais c’est toujours dans le verre que le respect se mérite. Chaque cru doit en effet être dégusté à l’aveugle par les membres avant de porter la mention de la Baronnie, dans la bouteille particulière qui lui est réservée.
Millésime compliqué
Le retour de l’AOC? «Ce n’est que justice, affirme Luc Massy. On s’est beaucoup battus depuis la nouvelle loi pour retrouver cette appellation qui est une des plus prestigieuses.» Et ce millésime? «L’année a été difficile, explique Caspar Eugster, l’œnologue de Louis-Philippe Bovard. Mais les vignes sont plutôt en bon état, avec une petite attaque de mildiou sur le feuillage et pas trop d’oïdium chez ceux qui ont bien travaillé. Maintenant, il faut encore attendre deux ou trois semaines.»
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