Les chefs cuisinent simplement quand ils sont à la maison ()

En Angleterre, en France ou en Suisse, les grands cuisiniers ne font pas de chichi une fois chez eux

Cinq jours sur sept, les grands chefs manipulent les plus beaux produits du marché, ils râpent la truffe, torchent le foie gras, saisissent le homard. Mais qu’en est-il lorsqu’ils ont congé? On se rappelle cette épouse d’un grand chef romand qui nous expliquait qu’elle devait insister auprès de son mari pour qu’il sorte le grand jeu au Noël familial, alors qu’il avait juste envie d’un bon ris de veau caramélisé plutôt que de langoustes. «Il en cuisine toute la semaine. Alors, en privé…»

L’été dernier, le quotidien britannique The Guardian avait persuadé neuf grands chefs de le laisser photographier leur frigo personnel. Tomasina Miers s’excusait d’y avoir une boîte d’anchois mayonnaise, Michel Roux disait adorer la sauce HP pour ses sandwiches et Mark Hix révélait ses problèmes de cholestérol qui l’amenaient à boire du lait semi-écrémé. Mais on s’apercevait clairement que ces garde-manger ressemblaient étrangement aux nôtres.

Frigos vaudois

Et chez nous? Sans avoir joué à l’inspecteur qui débarque à l’improviste, on a fait le tour de quelques chefs vaudois. «Je cuisine le moins possible en congé, rigole Pierrick Suter, de la Gare, à Lucens. Je ne veux pas prendre du travail à la maison!» Guy Ravet, de l’Ermitage, à Vufflens-le-Château, est du même avis: «Je ne suis pas souvent à la maison, donc j’ai des ingrédients qui se conservent longtemps.» Le premier ne pourrait pas se passer de moutarde, de moulin à poivre et d’une bouteille de vin. «On aime bien sortir. Sinon, on fait des choses simples, un morceau de viande, un plat canaille ou, mieux encore, on déguste une belle terrine déjà faite.» Quant au second, il mange en général avec le reste de la famille le dimanche soir. «Le lundi, je me fais toujours des grandes salades composées et je varie les ingrédients selon la saison.» Dans son frigo, des légumes de saison, du lait et du fromage, «surtout de l’emmental. Sinon, j’aime bien aller bruncher avec des amis le dimanche midi, en général au Café de Grancy, à Lausanne. Chacun prend ce dont il a envie.»

Au Jorat, à Mézières, Pascal Gauthier le proclame: «On est comme tout le monde, on cuisine des plats simples selon le temps et l’envie, des légumes, une platée de pâtes sans chichis, ou j’adore ouvrir une boîte de sardines ou de maquereaux bien travaillés.» Il adore aussi les œufs. «Le problème, c’est que les gens n’osent plus nous inviter à la maison. Et, s’ils le font, ils essaient de faire des menus compliqués. Alors qu’on a juste envie de partager un moment, une amitié. Chez moi, c’est un apéro tranquille, avec un plat qui mijote au four pendant ce temps et basta!»

Même les papes de la cuisine moderne ont des goûts simples. Denis Martin, à Vevey, avoue qu’il n’est pas souvent à la maison (photo Chantal Dervey). «J’adore aller au restaurant, par exemple au Château, à Paudex.» Chez lui, tout commence par une meule de vacherin fribourgeois. «J’en fais plein de choses, dont des fondues fribourgeoises parce que je ne mange jamais de moitié-moitié. Je suis descendu dans la famille, dans le Piémont, avec ma meule. On l’a mangé avec de la truffe blanche, c’était top!» Sinon, il avoue un faible pour les pâtes, surtout dans le fricasson, les restes de pâtes et de pommes de terre passées à la poêle. «Je n’ai pas envie de viande ou de poisson à la maison. Mais une bonne minestrone, oui.»

Au Cerf de Cossonay, Carlo Crisci, voue un culte aux pâtes. «Je ne mange pas avant le service mais après, en rentrant. Avec les pâtes, je peux bien dormir et je me réveille avec la pêche, grâce aux sucres lents.» Sinon, il aime le fromage, le saucisson, des tartines à l’huile d’olive et aux sardines (millésimées quand même). «Et quand on reçoit, on aime bien faire des plats uniques.» Des goûts tout simples, quoi!

| Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vaud, cuisine, gastronomie | |  Facebook |  Imprimer |