L’armagnac, 700 ans d’alambic ()
«Lorsque mon grand-père est mort, ma famille avait déposé une gerbe sur son cercueil. Mais, dans l’église, mon père l’a enlevée pour mettre à la place celle de l’Interprofession de l’armagnac. C’était d’abord ça, sa vie, m’a-t-il dit», se souvient Jérôme Delord, qui a repris avec son frère le domaine familial Delord Frères.
Dans cette Gascogne rurale, à l’ouest de Toulouse, on produit de l’armagnac avec passion dans de petites exploitations, presque artisanalement. C’est pourtant le plus vieil alcool de France, déjà mentionné en 1310 par Maître Vital Dufour dans son traité de médecine où il cite les 40 vertus de l’eau-de-vie.
La concurrence de Bordeaux
Mais l’histoire de l’armagnac doit aussi beaucoup à la géographie et aux Hollandais. Au XVIIe siècle, ces derniers achètent en effet en masse le vin blanc produit dans la région. Pour le transporter, ils utilisent le fleuve jusqu’à Bordeaux. Les Bordelais, évidemment, n’apprécient pas la concurrence et se retranchent derrière leur privilège d’exportateurs uniques de vins. L’alcool fort n’est pas concerné par la restriction. On distille donc à tout va. Puis, vers 1730, on commence à stocker l’eau-de-vie dans des fûts en chêne pour la conserver. Et on découvre les merveilles que le bois produit sur l’alcool.
Dans les fermes, on cultive donc la vigne pour en distiller le vin. Comme à Cognac. Tout, pourtant, sépare les deux produits. En Armagnac, on ne distille qu’une fois le vin dans un alambic particulier, alors qu’en Charente, on distille deux fois. Les Gascons ont de petits domaines familiaux, les Charentais de grandes maisons de négoce. L’armagnac, c’est 5,5 millions de bouteille par année, le cognac 150 millions.
Merci Cognac
«Et, en dégustation, l’armagnac a davantage de complexité», affirme Jérôme Delord. Le jeune patron de 38 ans sait qu’il ne pourra pas rivaliser avec le grand cousin. «Mais on apprécie qu’ils ouvrent des marchés pour nous, avec leurs moyens de promotion. Une fois que les Chinois auront découvert le cognac, nous pourrons leur parler d’armagnac.»
Depuis qu’ils ont repris en 2001 la maison fondée par leur arrière-grand-père, Jérôme et Sylvain ont triplé les ventes. «Vous savez, mon père faisait son armagnac, et le vendre n’était pas sa préoccupation. Il est toujours là, avec mon frère, mon oncle et ma tante. Cinq Delord sur les onze employés…» Vingt-cinq hectares de vignes aujourd’hui, l’espoir d’arriver à 40 hectares, mais pas plus. «Au-delà, nous ne pourrions plus assurer la qualité. C’est notre credo!»
En Suisse, chez Trésors du Chai, à Lausanne.
Fabrication contrôlée
En Armagnac, une série de cépages blancs sont autorisés, mais seuls quatre sont réellement plantés: l’ugni, le baco, le colombard et la folle blanche.
Les raisins sont cueillis tôt, de manière à produire un vin à 9o d’alcool. Il n’y a pas de soufrage. Et la distillation doit avoir lieu avant mars de l’année suivante. Les eaux-de-vie sont ensuite vieillies en fûts de chêne de 400 litres. Certaines seront vendues millésimées, d’autres assemblées. Un VS contiendra des alcools dont le plus jeune a au moins 2 ans, un VSOP 5 ans, un XO 6 ans et un hors d’âge 11 ans.
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Écrit par : Acheter Armagnac |