Lausanne reste une capitale viticole ()

Plus grand propriétaire viticole public, la ville ouvre ses caves aujourd’hui avant la mise aux enchères de samedi prochain. Elles sont toutes hors de la cité
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(photo Sébastien Féval:Devant le Château Rochefort, à Allaman, reçu en donation en 1838, Claude Jaccard, tonnelier-caviste, sert à boire à Nicolas Rilliiet, œnologue, responsable des vignobles lausannois (à gauche), et à Aimé Berger, vigneron du château.)

En 1536, la Réforme et les Bernois auront raison de l’évêché de Lausanne, renvoyant la cité à un rôle de second plan. Pour faire passer la pilule, les envahisseurs offrent à la ville une série de possessions ecclésiastiques, dont des vignes en Lavaux, vignes que les moines de Montheron ou de Hautcrêt avaient défrichées sur les pentes abruptes. Ce sera le début de la grande saga viticole Lausanne, qui comptera jusqu’à 396 hectares de vignes, y compris celles situées sur le territoire communal.

Aujourd’hui, il n’y a plus de vignes ou presque à Lausanne mais toujours cinq domaines renommés en Lavaux et à La Côte, 36 hectares au total. «La ville est farouchement attachée à ce patrimoine», assène Nicolas Rilliet, l’œnologue en charge des vignobles. Chacun des domaines est cultivé par un vigneron-tâcheron, et les vins sont élaborés par Claude Jaccard à l’Ouest et par les Frères Dubois à l’Est.

Aux enchères depuis 1803

Depuis 1803, pour rester fidèle à l’arrêté qui oblige les communes à permettre à «tous les citoyens de miser les produits des biens communaux», les vins lausannois sont mis en enchères le deuxième samedi de décembre. Et, aujourd’hui, les cinq domaines font portes ouvertes, avec dégustation des crus (24 heures d’hier).

Parmi les vignerons «communaux», Aimé Berger, arrivé au Château Rochefort, à Allaman, en 1978, a tout connu: l’époque glorieuse où les vins rapportaient à la ville un coquet bénéfice de 2 millions de francs en 1982 (ils sont juste à l’équilibre aujourd’hui); l’arrivée des spécialités sur sol vaudois, qui le rendront maître des surgreffages, cette technique qui permet de changer le cépage d’un pied de vigne en greffant de nouveaux plants par-dessus; et la création de chambres d’hôte dans certains domaines (Burignon, Mont et Rochefort). «Cela nous fait un revenu accessoire», explique Aimé Berger, qui propose aussi des tables d’hôte, où il sert, par exemple, les cardons de sa production. «J’aime bien cultiver dans mon temps libre, ou couper le bois pour la maison qui n’a toujours que ce chauffage, selon ma volonté.»

Vignoble en biodynamie

Cette volonté d’être proche de la nature va plus loin, avec Aimé Berger. «Il y a longtemps que les cocktails de produits chimiques utilisés dans les vignes m’interpellaient», poursuit-il. Après quelques essais, il a converti l’entier du domaine en biodynamie il y a deux ans, avec des résultats prometteurs: «Mes collègues vignerons sont toujours étonnés que cela marche. Cela demande plus de travail, plus de suivi, mais les vins sont meilleurs parce que la plante doit s’enraciner plus profondément dans le sol, aller chercher une minéralité plus riche en sous-sol. On a ainsi une meilleure expression des terroirs.»

Aimé Berger a donc diversifié l’offre de Rochefort, le seul domaine lausannois majoritairement rouge. Mais la commercialisation des vins reste complexe. Outre ceux conservés par la ville et ceux vendus directement par le vigneron (qui en rachète parfois à la mise aux enchères), il y a beaucoup d’acteurs qui ont acheté un ou plusieurs lots. Difficile, dans ces conditions, d’élaborer une réelle stratégie commerciale et des prix cohérents.

Portes ouvertes de 10 h à 18 h. Navette toutes les heures de la gare d’Allaman et toutes les demi-heures de la gare de Cully.

Cinq domaines face au lac

1. L'abbaye de Mont


Propriété de l’abbaye de Bonmont, puis d’un gouverneur bernois, l’abbaye de Mont est, elle aussi, rachetée en 1802.  (photo Olivier Born)

3. Clos des Moines


Le Clos des Moines, créé par le couvent de Hautcrêt, puis exploité par le bailli d’Oron a la Réforme, est racheté en 1802.  (photo Jane Way)

4. Clos des Abbayes


Le Clos des Abbayes, propriété de l’abbaye de Montheron, a été offert à la ville par les Bernois en 1536. (photo Yaël Saugy)

5. Domaine de Burignon


Lui aussi créé par Hautcrêt, puis géré par le bailli d’Oron, le Domaine de Burignon est racheté en 1802. (photo Héloïse Maret)

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