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L’amigne, cépage si rare et si porteur

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AndreFontannaz.jpgC’est la fête de ce vin valaisan à Vétroz (VS), sa patrie. Rencontre avec André Fontannaz, un de ses apôtres, et sa fille Chloé qui lui succèdera un jour

Quand André Fontannaz s’est lancé comme vigneron indépendant à Vétroz, il y a vingt et un ans, il a produit trois vins, un fendant, un pinot noir, et une amigne, évidemment. Parce qu’entre Vétroz et l’amigne, c’est toute une histoire d’amour. Et, comme dans tout roman rose, il y a eu des hauts et des bas, des fantasmes et des réalités.

Le fantasme, c’est celui qui proclamait que ce cépage avait été apporté en Valais par les Romains. Cela aurait pu être vrai… mais non. L’amigne, il y a quelques années, a été assimilée au vinum amenum, mention romaine dans des manuscrits du Moyen Age à Sion. José Vouillamoz, l’expert dans l’ADN des cépages, a démontré que le cépage n’avait rien de romain. Lui prétend qu’il y aurait une lointaine parenté avec le petit meslier, un cépage de Champagne. A Vétroz, on n’y croit guère.

Ce qui est vrai, par contre, c’est que l’amigne est déjà mentionnée en 1686 dans le Livre pour le travail des vignes du banneret de Riedmatten (VS), où elle figure dans les comptes en compagnie de l’arvine ou de l’humagne. En 1878, elle est officiellement présentée à l’Exposition ampélographique de Genève.

Tombé dans les oubliettes

Mais le cépage est un peu délicat, plutôt tardif, peu productif. Dans la période de pleine production viticole, il est peu à peu oublié. En 1970, il n’en reste plus que quatre hectares. Mais les vignerons se rendent soudain compte de l’importance de leur héritage. On crée un conservatoire de l’amigne à Vétroz, la vigne du Prieuré, on replante, on communique. Aujourd’hui, on trouve une quarantaine d’hectares en Valais, dont les trois quarts à Vétroz.

«A Vétroz, nos coteaux sont faits de schiste noir argileux du Dogger, explique André Fontannaz, le propriétaire de la Cave de la Madeleine. C’est très rare, et cela convient magnifiquement bien à l’amigne. C’est un cépage que l’on plante sur les coteaux, parce qu’il a besoin de soleil et qu’il mûrit en deuxième période.» Et le vigneron ajoute que l’amigne est assez délicate au moment de la floraison, sujette au mirandage, ce phénomène qui produit de tout petits grains sans pépins. «Cela concentre les sucres et cela réduit le rendement.»

«C’est vrai qu’on a utilisé l’amigne comme outil de promotion pour toute la commune», explique celui qui a été le premier président du Groupement des encaveurs de Vétroz. «Les dix-sept encaveurs payent chacun une taxe volontaire qui nous permet d’avoir 150 000 fr. de budget promotion.» Dont la Fête de la fleur d’amigne, qui offre à la dégustation tous les vins du village.

L’amour par quatre

André Fontannaz, lui, aime tellement l’amigne qu’il en produit quatre dans sa Cave de la Madeleine. Ici, il faut expliquer que l’amigne se distingue par le nombre d’abeilles que porte la bouteille. Une seule veut dire qu’il reste moins de 8 g de sucre dans le vin, qui sera donc sec. Deux abeilles, c’est entre 9 et 25 g de sucre. Et trois, c’est plus de 25 g de sucre. André Fontannaz fait une «1 abeille», un vin plutôt de gastronomie que lui demandaient les restaurants, au nez d’orange et de miel, bien structuré. Une «2 abeilles» traditionnelle, juste une dizaine de grammes de sucre, et un nez de mandarine, de miel, avant une bouche grasse et longue. Une «2 abeilles» Grand Cru, parce que les vignerons locaux ont été les deuxièmes Valaisans à monter un label Grand Cru sévère, en production limitée, aux vignes contrôlées. Cette amigne-là a toujours ce nez d’agrume et de miel typique, avec une belle fraîcheur qui balance la petite douceur. Enfin, Fontannaz produit une amigne flétrie sur souche («on l’a vendangée en février cette année»), qui passe dix-huit mois en barrique. Une merveille.

www.amigne.ch: infos sur le cépage.

www.fontannaz.ch: le site de la Madeleine.

LA CAVE DE LA MADELEINE

La Cave de la Madeleine est née en 1991, avec 3 vins et 5000 bouteilles. Aujourd’hui, la cave a été agrandie deux fois et elle encave 15 ha de vignes et 4 ha de vergers entre Vétroz, Ardon, Chamoson, Conthey et Savièse.

Avec 14 cépages, elle produit une vingtaine de vins (100 000 bouteilles). Elle emploie cinq personnes à l’année, plus des renforts saisonniers.

Son logo et toutes ses étiquettes déclinent un vitrail réalisé par Isabelle Fontannaz, la sœur d’André.

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