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La cave Tsallin, à Vétroz (VS) ou les fruits d'une saine ambition

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tsallin.jpgPortugais et Russe, Antonio et Natalia Pinho ont monté leur cave en 2008. Depuis, ils récoltent les récompenses

Obtenir la meilleure note absolue au Mondial du pinot noir l’année même où on a monté sa cave, c’est une performance hors norme qu’avaient réalisée Antonio et Natalia Pinho avec leur premier pinot noir Vallire, millésime 2009. Créer une cave à Vétroz lorsqu’on est Portugais et Russe, qui plus est avec un œnologue vaudois, Christian Gfeller, ce n’est pas mal non plus (son remplaçant, Boris Dufey, est aussi Vaudois).

Exporter ses vins dans cinq provinces chinoises, se préparer à ouvrir une œnothèque à Moscou, ce sont autant de défis que le couple est en train de relever. «Il y a plein de vignerons qui se lamentent. Nous, on préfère bouger», explique simplement Antonio Pinho.

Bouger, Antonio n’a fait que ça. Ses parents travaillaient en Suisse, il était resté au Portugal, chez ses grands-parents. A 10 ans, il débarque clandestinement en Valais et ne pourra intégrer l’école que trois ans plus tard. Lui qui aimait travailler les vignes avec son grand-père près de Porto, on le pousse à faire un apprentissage de carrossier. Il ouvre même sa propre entreprise. Mais la vigne est plus forte et il revend tout pour commencer à louer des parcelles de-ci de-là dès 2003. Il en cultivera jusqu’à 55 hectares, dont il livre la vendange à plusieurs caves.

L’amour et la cave

En 2006, il rencontre une économiste russe venue faire du ski. Antonio et Natalia se marient la même année et décident de lancer leur propre cave. Mais Natalia insiste auprès de son mari: «Si tu veux te lancer, fais de la qualité, du haut de gamme.» En septembre 2008, ils trouvent une cave toute simple à Vétroz: «C’est la seule qui était au bord de la route et qui n’était pas chère. Nous l’avons prise.»

Avec Antonio pour la conduite des 30 hectares de vigne qu’ils ont conservés, Christian Gfeller pour donner une ligne aux vins et Natalia pour s’occuper du business plan et du marketing, Tsalline (au début, il y avait un «e» à la fin) semblait bien partie. C’était compter sans ceux à qui Antonio livrait la vendange auparavant. Ils lancent une bataille judiciaire encore en cours, même si les Pinho ont tout gagné jusqu’à présent.

Vieilles vignes

Pour ses vins haut de gamme, Antonio sélectionne les meilleures parcelles, avec une affection particulière pour les vieilles vignes. «Prenez Vallire, qui donne notre pinot noir. Elle a été plantée en 1950. Elle donne peu, mais bon. Goûtez la différence.» Et le vigneron fait déguster au tonneau un autre pinot noir d’une vigne plus jeune. Pour le reste, l’homme aime montrer le peu de machines qu’il a en cave: «Moins on manipule les vins, meilleurs ils sont.»

Il reste discret, mais on apprendra quand même qu’il apprécie pour les rouges des macérations longues à basse température, avant un pressurage doux. Tous les vins de la gamme Tsallin passent en barriques, en jouant sur des bois neufs et jusqu’à trois ans. Une recherche d’excellence qui a poussé le couple à créer une cuvée d’exception pour leur fille, Laurence, un merlot vendu… 177 fr. «Ça fait paniquer les Suisses, mais ça se vend sans problème.» Comme son Bac 351, à 74 fr. «Quand on le met en bouteilles, 60% sont déjà réservés.»

Les Pinho ont également récupéré la marque Fin Bec, lancée par Michel Clavien. Ils y proposent des vins moins onéreux, élevés en cuves d’acier. «Bien sûr, on vend encore du vrac, mais chaque année un peu moins.»

Cap maintenant sur l’export. Un premier contrat avec Claudine Neuhaus démarre la vente en Chine: «Les contrôles qualité y sont sévères pour éviter la contrefaçon. Nous y sommes dans un segment haut de gamme, d’autant que les taxes sont élevées», explique Natalia. Ses contacts lui ouvrent maintenant la Russie, où une œnothèque va être ouverte au printemps, alors que des négociations sont en cours pour de gros contrats. Les Pinho veulent en faire profiter tous les vignerons suisses. Leur proposition, il y a dix jours, a déjà provoqué une vingtaine de réponses de producteurs, «dont beaucoup de Vaudois».

TROIS VINS DONT ILS SONT FIERS

Pinot noir Vallire 2011, 75 cl, 36 fr.
Vallire est une parcelle de Chermignon plantée en 1950, aux rendements naturellement limités (430 g/m2). C’est le millésime 2009 qui a inauguré la série de récompenses, avec la meilleure note absolue au Mondial des pinots 2010. Le nez est tout de fruits noirs et d’épices, avec une belle puissance. En bouche, place à l’élégance, à la volupté, à des tannins serrés, avec une jolie fraîcheur pour soutenir le tout.

Bac 351 2011, 75 cl, 74 fr.
Nommé en souvenir du 351e bac de vendange rentré, le premier de cabernet sauvignon. Il est assemblé, avant l’élevage, avec de la syrah, dans une «inspiration australienne» que revendique Antonio Pinho. Au nez, la réglisse, la mûre, le bois doux se présentent sous une forme épicée. La bouche est extraordinairement soyeuse, toute en velours, avec une capacité de garde qui promet beaucoup dans une dizaine d’années.

Merlot Laurence Pinho 2009, 75 cl, 177 fr.
Une parcelle des hauts de Vétroz au climat très sec, avec une variété de merlot peu productive, aux raisins très petits, dont les vignes sont taillées à un œil pour en limiter encore le rendement: 2009 a donné deux barriques, 2011 une seule. Nez d’une complexité incroyable, qui va des fruits rouges au caramel, avec des notes de tabac. En bouche, beaucoup de matière portée par une fraîcheur élégante, grande longueur. Un très grand vin.

FICHE TECHNIQUE

Quoi?
30  hectares de vignes de Saillon à Salquenen, dont 2 hectares en propriété. Sept personnes au total, dont les deux propriétaires.

Combien?
Deux gammes, Fin Bec (cinq blancs, un rosé et cinq rouges) et Tsallin (neuf blancs et treize rouges). Dix-sept cépages cultivés. De 10 fr. 50 (fendant Fin Bec) à 177 fr. (merlot Laurence).

Comment?
L’entier de la vendange est encavé; 60 000 bouteilles, le reste étant vendu en vrac, avec l’objectif de tout mettre en bouteilles dans un proche avenir. Vendu aux restaurants, en vente directe à des privés et à deux grossistes. Export en Chine et, bientôt, en Russie.

Où?
Cave Tsallin, route Cantonale 220, 1963 Vétroz 027 346 28 03. www.tsallin.ch.

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