Le Valais ou le val d’Aoste n’ont pas toujours été aussi riches en vignes qu’aujourd’hui. En remontant le cours de l’histoire, les biologistes José Vouillamoz, célèbre pour ses travaux sur l’ADN des cépages, et Giulio Moriodo rétablissent la vérité sur les 14 cépages «autochtones» valaisans et les 15 valdôtains.
Car les liens vitivinicoles entre les deux régions sont nombreux, alors qu’ils sont inexistants, par exemple, entre le Valais et la Savoie.
Il semble certain que ce sont les Romains qui ont amené la vigne dans ces deux régions, sans qu’on en connaisse le cépage, qui n’était pas une préoccupation de l’époque. A la chute de l’Empire romain, beaucoup de vignes sont abandonnées et ne subsistent qu’à l’état sauvage. Au début du IIe millénaire, quand la culture reprend, les vignerons d’alors repartent de ces cépages qui ont résisté au temps. Ce sont ceux que l’on considère aujourd’hui comme autochtones.
Les travaux de nos deux biologistes sont dès lors parfois ardus à comprendre pour le profane, mais leurs explications nous permettent de plonger plus avant sur cette généalogie des cépages, où la science tord le cou aux croyances.
L’amigne, par exemple, qu’on croyait amenée par les Romains mais dont les géniteurs sont plutôt entre le Valais, le Piémont et la Champagne. L’arvine, elle, est authentiquement valaisanne. Le lafnetscha se révèle un croisement entre le completer grison et l’humagne. Le vrai cornalin valdôtain est appelé humagne rouge en Valais, alors que ce que les Valaisans appellent cornalin est un vieux cépage d’Aoste.
Origine des cépages valaisans et valdôtains, de José F. Vouillamoz et Giulio Moriondo, Ed. du Belvédère, 224 p, 69 fr.