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Christine et Stéphanie Delarze, nature de mère en fille

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delarze.jpgChristine et Stéphanie Delarze, deux générations féminines, gèrent le domaine familial de la Baudelière, à Aigle, avec engagement et compétence

Il y a Christine, la mère, ancienne infirmière. Et Stéphanie, la fille. Quand on les fait parler toutes les deux, elles entrent en résonance, prolongeant d’une même voix la parole de l’autre, avec cette conviction intime que la nature est leur meilleure alliée. Pourtant, tout a commencé par un drame. Celui qui, en 1994, a vu disparaître dans un accident de voiture le frère, qui avait repris le domaine paternel en mains familiales depuis 1945.

«C’était comme une évidence, explique Christine. Nous ne voulions pas vendre.» La sœur reprend donc la maison, elle qui n’y connaissait pas grand-chose, d’abord avec l’appui de Paul Auguste Coderey. Et la fille, 17 ans, en plein gymnase, décide de se former en conséquence. «Vous savez, c’est l’âge où on se cherche. Et, brusquement, il y avait un but.» Bac en poche, ce sera direction Changins, avant de s’associer avec sa mère en 2000.

Séparation des tâches

Deux femmes aux commandes d’un domaine, ça surprenait à l’époque, même le grand-père. Très vite, les tâches ont été réparties. A Christine la conduite de la vigne. A Stéphanie celle de la cave et des vinifications. Sa mère lui fait entièrement confiance dès son arrivée. «Entre nous, on a une relation privilégiée, à la fois mère-fille et collègues. On n’est pas toujours d’accord, on s’engueule parfois, mais on finit toujours par s’entendre», explique Stéphanie. «Parce qu’on met toujours l’entreprise en avant, pas notre ego», poursuit Christine.

Elles partagent toutes deux la conscience que la nature est précieuse. «Nous essayons de réduire la chimie en vigne au maximum. Nous venons de suivre un cours sur la biodynamie que nous n’allons pas appliquer telle quelle, mais dont nous allons tirer des enseignements.» Pas d’engrais chez elles, mais l’utilisation d’un compost maison. Malgré la pression des voisins, elles refusent le recours à l’hélicoptère, qui doit donc faire un détour devant leurs parchets. «Idéalement, le domaine devrait se suffire à lui-même. C’est un rêve, mais on fait tout pour s’en approcher.»

A la cave aussi, Stéphanie veut limiter les intrants, tous ces ajouts qui aident à lancer un vin: «On n’est pas des fabricants, on doit juste être derrière les produits de la nature.» Tous les chasselas sont élevés en foudre dans la vieille cave du domaine. Mais avec une thermorégulation quand même. «J’utilise les levures les plus neutres possibles pour éviter la standardisation. Et la fermentation malolactique démarre toute seule: les foudres ne sont jamais vraiment stériles.» Pour elle, le terroir doit se mettre en valeur tout seul, sans qu’on le fausse.

Le riesling, planté en 2005, s’élève pour moitié en cuve et pour moitié sous bois. «Ma mère voulait du viognier, moi du riesling. On a beaucoup discuté, et elle a accepté mon choix. Restait à choisir une bonne parcelle, exposée, mais pas trop, ventilée.» Elles voulaient un blanc de gastronomie, et c’est réussi.

Pas de chichi

A part les Trois Roses et le Dornfelder, les différents cépages rouges du domaine sont tous élevés en barriques de deux ou trois vins. Pas question ici de mettre trop de bois, mais de développer des arômes naturels. Il y a un vrai style dans les vins du domaine, droits, sans artifices, imposant leur qualité sans flatterie. «On n’aime pas trop les concessions», admettent-elles toutes les deux. Bien loin, en tout cas, de l’image des «vins de dames». «On nous a beaucoup observées à cause de cette étiquette de domaine féminin. Mais c’est vrai que nous l’avons aussi un peu utilisée comme outil marketing. Aujourd’hui, pourtant, nous préférerions être jugées sur nos vins.»

Les premiers juges sont leurs maris. Celui de Christine regarde de loin, alors que celui de Stéphanie est… vigneron. Il a son propre domaine, Les Moines, à Villeneuve. «On discute beaucoup, mais en cave, c’est chacun pour soi. Et nos vins sont différents.» Par contre, ils s’occupent l’un et l’autre de leurs deux enfants de 6 et 3 ans. «C’est un travail extrêmement prenant que vignerons. Mais cela nous laisse aussi de belles plages de vie avec nos enfants.»

 


Trois vins dont elles sont fières

 

Yvorne 2010, Grand Cru, 70 cl, 15 fr.
Un nez de tilleul, une touche de miel et des notes florales pour ce chasselas qui joue sur la minéralité et la fraîcheur, avec une jolie onctuosité et un côté salin en finale. Un terroir plus minéral que celui d’Aigle.«Je le mets en bouteilles assez tard et il mérite d’attendre encore un peu, mais il est bien droit» (6000 bouteilles).

Riesling 2010, Grand Cru, Aigle, 50 cl, 18 fr.
Nez très aromatique, où domine l’abricot. Tendance mielleuse et un petit côté séveux. Beaucoup de structure, presque un peu tannique en finale. La première vendange fait une macération pelliculaire, la deuxième est pressée directement. «Il a malheureusement fait sa fermentation malolactique en 2010, mais il a gardé une belle fraîcheur. Un vin à garder encore un peu» (600 bouteilles).

«S» 2009, Aigle Grand Cru, syrah-cabernet franc, 70 cl, 27 fr. 50.
Les deux cépages élevés séparément vingt-quatre mois en barriques de deux ou  trois 3 vins. Le nez est épicé, poivré, avec des belles notes fruitées, pruneau, cerise, et une touche de réglisse. La bouche est ample, puissante, mais bien équilibrée. Tanins denses et ronds. Quelques notes de maturation (900 bouteilles).

 


Fiche technique

 

Quoi?
Un peu plus de trois hectares, entre Aigle (2,2 ha) et Yvorne, le tout en grand cru. Dix cépages, mais le chasselas représente les deux tiers.

Combien?
Neuf vins, trois blancs, quatre rouges, un mousseux et une vendanges tardives, de 14 fr. 50 à 27 fr. 50.

Comment?
L’essentiel est vendu en vente directe et chez des cavistes. Un petit pourcentage part en restauration, par exemple au Pont de Brent ou à l’Auberge de l’Onde, à Saint-Saphorin.

Où?
Domaine de la Baudelière, avenue des Ormonts 10, 1860 Aigle (024 466 11 56). www.labaudeliere.ch.

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