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chablais - Page 3

  • Des grands chefs à petits prix

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    Manger du Denis Martin pas cher à Champéry? Un menu Carlo Crisci à 55 francs? Une gratinée de crabe sauce homardière d’Edgar Bovier à 34 fr.? Un steak tartare de Martial Braendle à 30 fr. 90? Pas cher pour des chefs étiquetés 16, 17 ou 18 au GaultMillau. C’est le miracle des annexes ou secondes tables.

    Dans son fief de Cossonay, la Fleur de Sel de Carlo Crisci jouxte son gastro. «Mon annexe, c’est ultra-important, explique-t-il. C’est le contact avec la réalité, cela permet le tournus des produits, de montrer aux apprentis comment cuisiner des produits moins nobles et de donner l’accès à ma cuisine à des jeunes qui ont envie de venir chez moi.» Le chef y utilise aussi les «chutes» de produits nobles, comme un tartare de féra avec les parures du poisson servi au restaurant, ou un tartare de bœuf avec les pointes des filets d’à-côté. «Qui pourrait offrir un tartare de filet de bœuf à ce prix dans un restaurant autonome?» Et le surcoût en personnel est minime, deux employés. Il admet que cela met du beurre dans les épinards, en réalisant environ un cinquième de son chiffre d’affaires à la brasserie.

    Au Palace, à Lausanne, Edgar Bovier gère une gamme de quatre restaurants, du gastro de sa Table d’Edgar jusqu’à la Brasserie. «C’est la plus belle chose qui puisse arriver à un chef. C’est comme les couturiers qui font des collections, mais qui créent à côté des jeans ou du prêt-à-porter. A la Brasserie, par exemple, on peut se laisser aller un peu plus, proposer des plats de terroir sans la barrière du gastro qui impose certains produits. Et pour le client, c’est génial: il peut choisir selon son envie et son budget du moment. L’important, c’est de garder un style.»

    Un atout et un risque

    Synergie de personnel, synergie d’achats, les économies sont nombreuses pour pouvoir offrir de la belle qualité à prix d’ami. Mais attention, il faut que la qualité suive. «Le client qui serait déçu à la Pinte, explique Christophe Rod, chef de la Roseraie, à Yvorne, ne viendra pas au gastro.» Mais s’il est content, c’est aussi une manière de pousser le timide à passer la porte du restaurant voisin. «Certains n’osent pas venir dans un restaurant haut de gamme, raconte Martial Braendle, de l’Auberge de Vouvry. En venant dans notre Brasserie, ils apprennent à nous connaître et à voir qu’on est sympas et sans chichi. Souvent, ils réservent au gastro en partant…»

    Christophe Rod partage ce sentiment: «La maison fait un peu peur. Les gens qui viennent à la Pinte jettent un coup d’œil à côté ou demandent à voir la carte.» A Vevey, Denis Martin avait tenté l’expérience: «Ma deuxième table à Vevey, où je servais des tapas, était comme une concurrence. J’ai arrêté. En ouvrant bientôt une annexe à Champéry, la distance annulera cette rivalité. Et je suis content d’avoir ce laboratoire à idées.» Alors, compétition interne ou émulation? A Bogis-Bossey, Olivier Martin utilise son Café à midi pour des plats du jour, et comme salle fumeurs du gastro le soir. «Honnêtement, je ne gagne pas d’argent avec mes plats du jour à 19 fr., mais je gagne de la clientèle. C’est une porte d’entrée pour le restaurant.»

    Parmi les chefs interrogés, la seconde table amène entre 20 et 45% du chiffre d’affaires de leur établissement. Même s’ils affirment tous ne pas subir la crise pour l’instant, c’est aussi une diversification intéressante «à la période qu’on vit», comme dit Carlo Crisci.

    Et c’est aussi une façon de sortir du carcan, histoire de s’amuser un peu. «Une petite échappatoire» pour Christophe Rod, un «conservatoire des plats à succès» pour Olivier Martin, «un plaisir de faire des plats plus trendy» pour Edgar Bovier… et une bonne affaire pour les gourmands.

    Petite sélection de secondes tables

    Palette de tables: Edgar Bovier, du Lausanne-Palace, dirige aussi le Côté Jardin, <br></br>la Brasserie et le Château d’Ouchy.
    A  Satigny (GE), Philippe Chevrier supervise aussi le Café de Peney, le Relais de Chambésy  et le Vallon, à Conches.
    En s’appuyant sur des seconds sur place.

    Annexes chics: A Cossonay, Carlo Crisci propose sa Fleur de Sel.
    A Ouchy, David Sauvignet décline son talent au Café Beau-Rivage.
    A Yvorne, Christophe Rod s’amuse à la Pinte de la Roseraie.
    A Vouvry, Martial Braendle se fait terroir à la brasserie de son Auberge.
    A Sierre, Didier de Courten s’encanaille dans sa brasserie du Terminus.
    A Saint-Légier, Jean-Sébastien Ribette simplie au Café de son Auberge de la Veveyse.
    Une première table entre 15 et 19 GaultMillau et une seconde table qui en profite.

    Cafés sympas: A Bogis-Bossey, Olivier Martin propose son menu du jour à 19 fr.
    A Echallens, l’Ambroisie fait simple au Challensois.
    A Granges (Veveyse), Eric Madenspacher se fait plaisir à la Brasserie de sa Croix-Blanche.
    A Yverdon-les Bains, Philippe Guignard et Eric Hamart jouent canaille aux Quatre- Saisons de la Prairie.
    Des ambiances terroir ou plats du jour.

    Article paru dans 24 heures du samedi 8 novembre 2008.

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  • Une rose pour la Roseraie

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    Rod.jpgDivine surprise l'autre soir. Nous étions invités chez des amis du côté d'Ollon et voilà qu'après l'apéro, direction la Roseraie à Yvorne. Oui, ce restaurant implanté dans un endroit improbable entre Roche et Yvorne, mais tenu d'une main de maître par Christophe Rod, formé au talent par Gérard Rabaey, Freddy Girardet ou Philippe Rochat. Dans ses salles claires et joliment décorées, on oublie l'ambiance industrielle alentours. Et, en voyant ce colosse au sourire si doux, on n'imagine pas forcément toute la délicatesse qu'il met dans sa cuisine.

    La soirée commence par une lisette (dont chacun sait que c'est un petit maquereau de la région normande) servie en escabèche,avec une pressée de fenouil, c'est frais et ça ouvre bien l'appétit. Mais le meilleur est à venir. Comme ce fondant de lièvre au céleri, une recette basée sur celle du lièvre à la royale, sous une émulsion de chlorophylle. Bel équilibre des saveurs, technique parfaite, on en redemande. La noix de saint-jacques est présentée dans sa coquille, nappé d'un velouté de citronnelle, et s'en porte très bien. Et comme la chasse arrive, le médaillon de chevreuil est magnifique. Rod avoue sa provenance autrichienne, mais certifie qu'elle est fraîche, et on le croit volontiers. Le plateau de fromage est très bien réalisé. On avouera une seule note moins favorable pour les desserts, avec une déclinaison autour de la pomme qui ne tenait pas le rang du restaurant.

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