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Dominique Derisbourg, photographe de mode et de cuisine, rêve de peindre avec son appareil photo

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DERISBOURG_03.JPG«Je déteste être photographié!» Face à l’appareil de Florian Cella, Dominique Derisbourg est anxieux. Lui qui a immortalisé des milliers de modèles pour ses photos de mode n’aime pas se retrouver du mauvais côté de l’objectif. Car l’homme reste un anxieux. A 47 ans, après près de 700 couvertures pour Femina, des photos de mode pour Marie-Claire, Avantages et beaucoup d’autres magazines dans le monde, le Montreusien d’adoption pourrait se reposer sur ses lauriers, mais ce n’est pas le genre de ce feu follet, toujours en quête d’une nouvelle idée, d’une nouvelle technique.

«Je ne suis jamais content de moi», avoue-t-il, lui qui possède tout son matériel de photographe à double, «par sécurité», qui enchaîne les copies de sauvegarde de ses images, qui classe méticuleusement son bureau à coups de casiers étiquetés, comme si l’ordonnance du réel pouvait canaliser son imagination débordante.

Lorsqu’on lui dit qu’il est «frétillant», il comprend «fatiguant pour les autres» et approuve, tout en assurant être 100% zen. De sa naissance dans le Nord de la France, ce véritable Ch’ti a gardé le souvenir de son internat catholique. «J’ai mis trente-cinq ans à me déculpabiliser. C’est terrible, cette religion basée sur la culpabilité. Un trek au Népal m’a ouvert sur les autres religions et, aujourd’hui, si je crois à une force supérieure, je sais qu’elle n’est dans aucune Eglise officielle.»

C’est au sortir de l’Ecole de photo de Vevey qu’il commence à faire le siège du magazine Femina pour proposer ses services. Il réussira à convaincre sa rédactrice en chef, Marie-Pierre Dupont, de la qualité de son travail. Pendant presque vingt ans, il réalisera les sujets de mode, à Paris, aux Seychelles, en Afrique du Sud et dans tant d’autres pays de rêve. A ceux qui fantasment, il raconte le stress de ce travail, la futilité des mannequins, les égos de l’équipe qui s’affrontent. «On ne voit rien de ces pays, on est juste là pour bosser, on connaît les hôtels et les plages, pas grand-chose d’autre.» Pas d’aventures avec les modèles, pas de cocaïne... ce n’est pas son genre. En fait, Dominique Derisbourg n’aime pas beaucoup prendre des photos. «C’est juste pour dire qu’on était là.» Non, sa passion, c’est le travail qui suit sur ses images. S’il n’a jamais retouché la taille de ses mannequins, ce perfectionniste ne cesse jamais de «bricoler» ces images sur son ordinateur, pour gommer un reflet, rehausser une couleur, renforcer un contraste. «La prise de vue, c’est juste une esquisse, une base pour mon travail.»

Il aime travailler en lumière naturelle, sans grands effets. Qu’il fasse de la mode, de la publicité (des Trois-Suisses à Lacoste, de Renault à Ebel) ou du travail personnel (nus et paysages), c’est toujours la même chose. Le meilleur moment est celui où il s’installe devant son Macintosh après avoir installé Keith Jarrett ou Brad Meldhau sur sa chaîne haute-fidélité. Il va traquer le détail. «Même les jours où je n’ai pas pris de nouvelles photos, je rebricole des anciennes. Je pourrais en faire vingt tirages différents.» Quand on lui demande s’il voudrait peindre, comme son ami Serge Borner, il l’avoue: «Je suis un peintre qui ne sait pas dessiner.» La preuve? Il ne fait que neuf tirages de ses photos, sur du papier pour aquarelles d’Arches, qu’il imprime en plusieurs passages pour que l’encre ne soit pas pompée par le support.

A Sierre, dès vendredi, il expose une nouvelle facette de son travail. Il a en effet accompagné pendant trois ans le chef Didier de Courten, pour réaliser son livre qui vient de sortir (Empreintes, Ed. Favre). Lui qui ne connaissait rien à la haute gastronomie l’a découverte grâce à sa femme, au Pont de Brent de Gérard Rabaey. Depuis, il est fan de cuisine et ami de De Courten qui y travaillait. A Sierre seront accrochés des témoignages de cette aventure. On y retrouve des natures mortes de produits, des portraits de producteurs ou des paysages alpins d’une grande beauté, le tout vendu au profit de Fond’Action, qui lutte contre le cancer. Un de ses rares travaux de photoreporter… dans lequel il a instillé sa technique à lui, évidemment.

Exposition Le regard, Hôtel de ville de Sierre, du 23 octobre au 1er novembre.

www.dderisbourg.com

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