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Nicolas Feuillate, la coopérative qui monte vite

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feuillate.jpgEn quarante ans, la marque de champagne partie de rien est devenue No 1 en France et No 3 dans le monde

C’est la plus jeune des grandes marques de champagne et c’est pourtant la première vendue en France en quantité. Derrière cette performance, il n’y a pas une, mais bien deux histoires. D’un côté, le Centre vinicole créé en 1972 par 82 coopératives en Champagne, regroupant plus de 5000 vignerons. Ce centre avait d’abord été conçu comme lieu de stockage, suite aux fortes récoltes de ces années-là. C’était l’époque où des vins avaient même dû être conservés dans des péniches pinardières mises à quai. Mais le centre s’équipe aussi pour vinifier les vins de ses coopérateurs

L’autre histoire, c’est celle de Nicolas Feuillate, homme d’affaires ayant fait fortune dans le café aux Etats-Unis, ami de Lauren Bacall ou de Jackie Kennedy. En 1976, Feuillate achète un petit domaine de 12 hectares en Champagne et lance sa marque, qui rencontre un joli succès parmi ses relations, au point qu’il se retrouve en rupture de stock. En 1986, l’industriel et la coopérative se rencontrent, s’apprécient, au point que le premier cède sa marque à la seconde, qui cherche à se lancer seule sur le marché.

Pas de folklore

C’est le début d’une belle success story, même si celle-ci n’a pas pour décor les superbes caves de craie des grandes maisons champenoises. Non, ici, on est dans le fonctionnel. Des bâtiments réunis sur un terrain à l’extérieur d’Epernay, sur 12 hectares, maintes fois agrandis et modernisés pour suivre la croissance de la coopérative, comme l’explique Dominique Pierre, son directeur général (photo): «On est une maison particulière, forcément, face aux marques privées. Mais notre modernisme n’empêche pas le respect des traditions champenoises.»

Surtout, la masse des coopérants fournit à la maison une belle variété de vins pour ses assemblages. «Nous avons 180 crus (ndlr: villages) sur les 319 de l’AOC Champagne à disposition. C’est un registre exceptionnel pour notre nouveau chef de cave, David Henault.» Mais la concurrence joue toujours, puisque les 5000 coopérateurs ne sont pas tenus de livrer à Nicolas Feuillate. «Nous n’avons aucun contrat d’exclusivité avec eux. Si je paie 6 centimes de moins le kilo, nos vignerons vont filer chez Moët& Chandon ou Veuve Clicquot, et c’est normal», poursuit Dominique Pierre. Les vignerons qui vendent à plusieurs maisons ne sont d’ailleurs pas rares.

Pour croître aussi rapidement, Nicolas Feuillate a peu utilisé la publicité. «Nous n’avions pas un rond, explique le bouillant directeur général. Nous avons donc privilégié le contact humain et la réalité du produit.» Les vins sont donc présents dans beaucoup de grandes surfaces, pour acquérir de la visibilité et convaincre de leur bon rapport qualité-prix.

La coopérative cherche d’abord «des vins simples à boire», comme l’affirme David Henault. «Le consommateur veut d’abord du plaisir en achetant un champagne. La complexité, elle, doit être là, mais fondue dans un bel équilibre.» Les vins sont fermentés en cuves thermorégulées à 16 °C «pour garder de la fraîcheur», ce mot élégant pour dire «acidité» auquel tient beaucoup la marque. Beaucoup des 400 vins tranquilles font une deuxième fermentation malolactique pour leur donner de la rondeur.

Belle carte de visite

La priorité est donnée d’abord au Brut Réserve, la carte de visite de la maison, un assemblage où les deux pinots sont majoritaires. «Assembler ce champagne, c’est un mois de travail pour moi, explique le chef de cave. C’est mon vin!» Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre le style de son prédécesseur, Jean-Pierre Vincent, resté trente-cinq ans dans la maison. David Henault élabore aussi la gamme la plus large d’une maison de Champagne, puisque ce ne sont pas moins de douze vins qui sont produits dans trois gammes.

Voici donc des champagnes monocépages, d’autres élaborés en fûts de chêne, un rosé de saignée pur pinot noir ou un Brut Extrem’ étonnant. Une gamme pour que chacun y trouve son compte.


TROIS VINS DONT ILS SONT FIERS

Brut Réserve, non millésimé, 41 fr. 30.
Pour élaborer cet assemblage 20% chardonnay, 40% pinot noir et 40% pinot meunier, pas moins de 150 crus, dont 15% à 35% de vins de réserve selon les années. Trois ans en cave (minimum de quinze mois pour l’appellation). On est dans la rondeur et l’élégance, avec un nez discret de fruits blancs et jaunes, d’épices douces. Belle fraîcheur, complexité et bulle fine. (3 millions de bouteilles.)

Cuvée 225, 2004, 88 fr. 70.
Un assemblage moitié pinot noir, moitié chardonnay, 25 vins, tous classés en premier ou en grand cru. La moitié est élevée en barrique de 225 litres (d’où le nom) ayant servi en Chablis. D’une couleur plus soutenue, le vin offre un nez où se mélangent le miel, la vanille, les fruits jaunes, sans que le bois domine. En bouche, la compote de fraises s’impose, dans une belle structure minérale.

Palmes d’Or rosé 2004, 168 fr.
Alors que la Champagne crée en général des rosés en assemblant blanc et rouge, ce Palmes d’Or est obtenu par saignée sur 100% de pinot noir provenant uniquement de Bouzy et des Riceys. Le 2004 est presque orangé, avec une bulle extrafine. Au nez, on sent d’abord les fruits rouges, un côté sauvage, sous-bois et cigare. La bouche est riche, longue et puissante. Avec un grand repas.


FICHE TECHNIQUE

Quoi?
Le Centre viticole – Champagne Nicolas Feuillate est une union de 82 coopératives, fédérant plus de 5000 vignerons, libres de vendre ou non leur récolte au CV-CNF.

Combien?
La plus large gamme de vins en Champagne (12) pour un total dépassant les 10 millions de bouteilles. Le CV-CNF vinifie également des vins pour ses coopérateurs (environ 10 millions) et pour des marques de grands distributeurs (500 000).

Comment?
En Suisse, représenté par Obrist, à Vevey, qui vend toute la gamme, depuis le Brut Réserve (41 fr. 30) jusqu’au Palmes d’Or rosé (168 fr.). Et les entrées de gamme seront prochainement en grandes surfaces.

Où?
Obrist, av. Reller 26, 1800 Vevey. 021 925 99 25. www.obrist.ch.

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