Le Clos de Tsampéhro ou l’aventure de quatre passionnés qui ont imaginé trois vins à la pointe
Les défenseurs de l’armée de milice y trouveront peut-être un argument: c’est bien grâce à elle que Christian Gellerstad et Joël Briguet se sont rencontrés en 1988. Rien ne prédestinait le premier, financier né en Suède, et le second, vigneron à Flanthey (VS), à collaborer. Vingt-cinq ans plus tard, pourtant, ils présentaient cette semaine avec leurs deux partenaires leur ambitieux projet, le Clos de Tsampéhro, un vignoble de presque 3 hectares sur les hauts de la commune de Lens (VS), reconstitué entre ses murs d’origine (comme l’exige l’appellation «clos»), et ses trois vins très haut de gamme. Reprenons l’histoire.
D’un côté, Christian Gellerstad a connu une carrière internationale avant de revenir en Suisse, à la Banque Pictet. Ce passionné de vins s’est toujours demandé pourquoi les crus suisses n’étaient pas davantage appréciés à l’étranger. De son côté, Joël Briguet a connu le succès avec sa cave La Romaine.
Cinq principes de base
En retrouvant son copain d’armée, l’idée a germé de lancer un projet basé sur une série de principes. Ils voulaient faire un vin suisse «au sens des valeurs qui nous sont reconnues à l’étranger, précision, perfectionnisme, qualité». Un clos parce qu’on devait pouvoir facilement le repérer dans un vignoble morcelé. Des assemblages pour sublimer les vins, mais toujours avec une dominante d’un cépage local. Des crus de garde, parce que «trop souvent, en Suisse, on fait de la pedo-œnologie», s’amuse Emmanuel Charpin, le directeur commercial. Enfin, avec l’œnologue Vincent Tenud, l’idée était de créer des émotions, avec des vins «dans l’air du temps, fins, équilibrés, à séduction lente».
Pour y arriver, ils ne sont pas fixés de limite. D’abord en cherchant à récupérer toutes les vignes du Clos de Tsampéhro, soit auprès de… 33 propriétaires différents. Quand on connaît l’attachement des Valaisans à leurs vignes, on mesure la difficulté. Gellerstad a pourtant pu racheter en douze mois toutes les parcelles que Briguet n’avait pas encore. Certaines vieilles vignes ont été conservées, mais l’essentiel a été replanté.
Chai de luxe
Le vigneron a, lui, investi dans une nouvelle cave moderne à côté de celle de La Romaine. Sur ces plateaux étagés en demi-cercles, une série de cuves tronconiques à la température contrôlée permet à Vincent Tenud d’y faire ses fermentations, avant un passage dans les barriques (il y a de la place pour 180). Au-dessus, une salle de dégustation ultramoderne permet de présenter les vins des deux domaines.
Les quatre associés peuvent maintenant présenter leurs trois vins (il n’y en aura pas plus) sous une étiquette élégante. Tous sont vendus en caisse de bois, comme les grands bordeaux. Et, bien sûr, à des prix haut de gamme, 39 fr. pour le blanc et le mousseux, 79 fr pour le rouge. Le premier millésime est déjà quasi vendu!
TROIS VINS DANS LE VERRE
Blanc: assemblage de heida et de rèze, bientôt complété par du completer, vinifié sans malo et élevé dix-huit mois en fûts sur lie jusqu’à la mise en bouteille. Des arômes de résine, de fruits exotiques, d’amandes douces. Bouche fraîche et saline, longue.
Rouge: cornalin, merlot, cabernet franc et cabernet sauvignon, vinifiés séparément, puis fermentation malo-lactique en fûts avant 20 mois d’élevage. Nez de fruits rouges, de réglisse et d’épices. Bouche de fruits noirs, fraîcheur, élégance.
Mousseux: petite arvine, pinot noir et chardonnay, vinifié séparément avant une prise de mousse chez Xavier Chevalley, à Genève, et 20 mois de lattes. Bulles fines, nez floral, zeste de citron. Bouche un peu mousseuse, fraîche, élégante.