Une quarantaine de caves s’est lancée dans le projet, avec des volumes plus ou moins importants. Les deux plus grosses, la Cave de la Côte et Schenk, se sont carrément associées dans Helix pour sortir un Escargot Rouge apte à répondre aux besoins des grands distributeurs, avec 35’000 bouteilles pour la première mise.
Depuis le 15 novembre, les rayons de 500 Coop offrent le vin d’Helix, une cuvée Original, soit l’entrée de gamme plus ronde et sucrée que la Sélection.
Toucher une autre clientèle
Julien Hoefliger, directeur de la coopérative de la Côte, est «enthousiaste pour ce projet qui touche un segment de clientèle très large qu’on ignore souvent comme petit producteur. Il n’y a pas que des jeunes palais qui sont séduits par ce type de vins, mais toutes les tranches de la population.»
La Cave de la Côte produit également une gamme Sélection sous son propre nom, qu’elle vend dans la restauration et à la clientèle hors grande distribution. «Dans nos ventes à quai, l’Escargot Rouge a été très bien reçu, comme dans les magasins que nous avons fournis. Les ventes démarrent très bien.» Mais il reconnaît qu’il faut encore construire la distribution et la promotion de ce produit, plus difficile à faire en période de Covid.
Les Familles Munier, à Tartegnin, ont sauté dans le projet, produisant 5400 bouteilles d’Escargot Rouge Original, un assemblage de pinot noir, garanoir et divico (14 fr.). «Pour une fois que toute la région travaillait ensemble, explique Laurent Munier, nous avions envie de participer. Et si, avec ça, on peut reprendre des parts de marché, cela vaut la peine d’essayer.»
Leur clientèle a bien réagi. «Nous étions au salon Goûts et Terroirs de Bulle, les gens étaient très intéressés par la nouveauté. Et quand ils goûtent, ils sont très contents. Ça marche très bien au niveau des ventes.»
Clientèle jeune
À Chardonne, le Domaine des Rueyres a, lui, choisi de sortir un vin en gamme Sélection, qui correspond mieux à son style de vinification, en mariant garanoir, pinot noir et mara (19 fr. 50). «J’ai beaucoup aimé l’idée d’avoir un projet fédérateur, comme l’Esprit de Genève chez nos voisins. On tient enfin quelque chose pour nous rapprocher, pour avoir un esprit commun dans le canton.»
En plus, c’est un profil de vin qui manquait à son catalogue. «C’est nouveau, cela interpelle les gens, ça cartonne. Les retours sont très positifs. Et, surtout, on touche une clientèle jeune, des 20-30 ans qui apprennent à boire du rouge. C’est un vin difficile à élaborer mais facile à boire.»
Reste à bien expliquer la différence entre les deux gammes, avance le vigneron de Chardonne, qui regrette aussi avoir trouvé l’Escargot Rouge Original en action à la Coop, avec 20% de rabais, dès le lancement. «À 8 fr. 75 la bouteille, cela ne crédibilise pas la marque et je dois expliquer pourquoi mon Sélection est plus cher.»
L’autre souci tient à ce millésime 2021, où le volume de rouges vaudois sera bien diminué. Tant Laurent Munier que Laurent Cossy referont de l’Escargot Rouge, sans doute en quantités inférieures. «C’est vraiment dommage que cette faible production tombe déjà la deuxième année de ce nouveau vin», regrette Laurent Munier.
Certains en ont profité pour collaborer, comme l’association Nous Artisanes du Vin, qui a assemblé des cuvées de cinq de ses membres pour une version Sélection de 1000 bouteilles. «Une démarche commune au sein d’un projet lui-même fédérateur», raconte Noémie Graff, de Begnins, qui a travaillé avec Mélanie Weber, Madeleine Ruedin, Stéphanie Delarzes et Adeline Mayor. «En plus, nous couvrions toutes les régions du canton, c’était sympa.» Elles ne savent pas encore si leur opération, compliquée à réaliser, se refera en 2021.
www.escargotrouge.ch
Carte d’identité
L’Escargot rouge existe en deux gammes: l’Original et la Sélection. Toutes deux sont en AOC Vaud.
La gamme Original est destinée davantage au public friand de vins ronds et fruités, plutôt faciles d’accès. Il est donc peu structuré, flatteur, avec une sucrosité moyenne (7 à 12 g/l conseillé). Elle se compose de cépages typiques, pinot noir, gamay, gamaret et garanoir. Son prix de vente conseillé est de 10 à 12 fr.
La gamme Sélection veut davantage séduire un public un peu plus averti. Basée sur les mêmes cépages possibles, qui peuvent accueillir une petite proportion d’autres cépages, elle prévoit qu’au moins la moitié du vin ait passé au minimum six mois en barrique. Le vin est donc «fruité, très structuré, ample, légèrement boisé […] avec une légère sucrosité» (2 à 6 g/l). Son prix de vente conseillé est de 16 à 18 fr.
Les vins sont dégustés par une commission du Label Terravin, une première fois en cuve, la seconde en bouteille, pour obtenir l’agrément. Ils sont embouteillés dans un flacon spécifique, chaque gamme sous une étiquette et un surbouchage communs.