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Norbert le Top Chef cache sa sensibilité sous les rires

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Top Chef,Norbert,concoursLa grande gueule de l’émission de M6 n’a pas pris la grosse tête et sait gérer sa carrière. Rencontre dans la cuisine de Benoît Violier, à Crissier

Assis à la table de la cuisine de Benoît Violier, à Crissier, Norbert Tarayre attire tous les regards. Parce que l’ancien candidat de Top Chef 2012 a une énergie phénoménale et le bagout d’un vrai titi. Même la brigade du trois-étoiles, habituée au défilé des clients célèbres, veut être prise en photo avec lui. Virginie Redoutet, le chef de rang qui s’occupe de servir la table, est sous le charme lorsque Norbert la taquine, lui fait du gringue. A la limite du grivois, mais le charisme est tel que cela passe. Invité par Daniel Guex, le garagiste de Bremblens chez qui il a cuisiné pour l’anniversaire du garage l’autre week-end, le résident de Megève tchatche, détendu, et aimante l’attention en toute intelligence.

«Tu te rends compte de la chance que j’ai, lâche le trentenaire, tutoiement facile. Je suis parti de rien et je rencontre les plus grands chefs du monde.» Avec respect: en entrant chez Violier, il lance: «Bonjour, chef!» Et sa sincérité est patente lorsqu’il dit préférer la compagnie des cuisiniers à celle des stars qu’il a été amené à fréquenter depuis sa célébrité. «Quand je travaillais chez Loiseau, on se touchait tous en cuisine quand on apercevait Bocuse tellement on était impressionnés.» A défaut d’une vraie formation, le garçon a accumulé les stages dans les grandes maisons: «Attends, je ne suis pas un grand cuisinier, je ne sais même pas tourner une pomme de terre.» Ce qui ne l’empêche pas d’admirer le travail de la petite corolle de carottes qui accompagnait son plat: «Tu imagines le boulot qu’il y a derrière pour monter ça? Moi, je serais incapable de poser les grains de caviar aussi précisément qu’ici. D’abord, je tremble», conclut-il dans un grand éclat de rire. C’est sans doute ça, la marque Norbert, ce mélange de sincérité, d’humilité et de grande rigolade. «Tu sais, c’est dur de faire toujours le con. J’ai des emm… comme tout le monde mais on ne les verra jamais, je les cache.

Adolescence turbulente

Et si l’humour était aussi là pour masquer une sensibilité à fleur de peau? Quand il évoque le divorce de ses parents, alors qu’il avait 9 ans, le passage des beaux appartements de son enfance à la cité que Sarkozy voulait «kärcheriser», il fait moins de formules chocs, même s’il garde son sourire charmeur. Lui qui «voulait réussir» à 14 ans, lorsqu’il s’est lancé dans le foot, avait une revanche à prendre. Il évoque son fort caractère, qui lui a valu souvent de «me faire casser la gueule par des chefs, mais vraiment casser la gueule. Les gnons, ça existe dans certains restaurants français.»

Pour canaliser un peu cet hyperactif, il y a eu, heureusement, Amandine, sa femme rencontrée dans le trois-étoiles où elle travaillait. Elle lui a donné trois filles – la dernière est née mardi – et une certaine stabilité. C’est elle qui l’a poussé à faire l’émission, puis à profiter de cet instant de célébrité. «Je sais que je suis un produit, et un produit n’a pas de légitimité avant cinq ans au minimum. J’y travaille.» Mais pas à n’importe quel prix. Il a voulu arrêter l’émission qu’il faisait avec le vainqueur de Top Chef, Jean, parce qu’elle arrivait selon lui au terme de sa formule.

Il vient pourtant de resigner avec M6 pour une nouvelle formule. «Je ne voulais pas faire des émissions mais une série. La chaîne a accepté.» Celui qui explique que la cuisine reste son vrai métier avoue que la TV est sa passion. C’est pour cela qu’il projette d’ouvrir une table d’hôte en Normandie, suffisamment près de Paris pour aller enregistrer. Parallèlement, il vient de sortir son premier livre, Fou de cuisine, dont il a vendu 30 000 exemplaires la semaine du lancement, mieux que Musso ou Lévy. Le deuxième est en route.

Avec son manager fribourgeois, Alexandre Lauber, il repasse en mode rigolade. Ce dernier l’avoue: «Quand il part en bringue, il faut suivre. Mais il donne tellement. Les premiers cours qu’on a faits ensemble en Suisse étaient prévus pour durer trois heures. Lui ne finissait jamais avant cinq ou six.» Cette générosité, cette gentillesse sont patentes avec tous les gens qui le reconnaissent, l’interpellent. Il s’arrête, se fait prendre en photo, donne du temps. «Je n’oublie jamais d’où je viens et combien il faut bosser pour arriver.»

Sa société affiche 1 million d’euros de chiffre d’affaires, mais il se verse un salaire modeste, roule en Twingo et habite un appartement de deux pièces et demie. «Je suis resté craintif avec l’argent.» Il profite de son succès, «20% du temps. Le reste, j’essaie de le passer à donner du bonheur aux autres.» A voir l’assistance, c’est plutôt réussi.

ÉTATS D'ÂME

Ce que j’aime: «Aimer. Il n’y a rien de plus beau que ça.»

Ce que je n’aime pas: «La connerie. Aujourd’hui, ça tue, ça coûte tellement cher. Je n’aime pas non plus le mensonge et l’hypocrisie. On voit bien où ça nous mène en France…»

La dernière chose qui m’a ému: «La gentillesse de Benoît Violier. Il me connaissait un peu de la TV, je ne le connaissais pas. Et voilà qu’il me reçoit avec tellement de chaleur, qu’il me parle avec respect, qu’on passe un beau moment dans cette cuisine à admirer le travail de la brigade, cette précision du geste, cette qualité.»

BIOGRAPHIE

1980 Naissance dans une famille aisée de la Drôme provençale. Mais les parents divorcent quand Norbert à 9 ans et le jeune homme doit désormais apprendre la vie des cités.

1994 Il s’inscrit au Centre sportif de Clairefontaine dans l’espoir de devenir footballeur, mais l’expérience tourne court après une année.

1998 L’ado rebelle rate ses examens de charcutier et part pour Londres où il trouve un poste de plongeur Chez Nico, un trois-étoiles, et prend goût à la cuisine. Depuis, il apprend le métier sur le tas, de stage en stage, par exemple chez Bernard Loiseau ou Marc Veyrat. Il tente de se mettre deux fois à son compte sans réussite.

2006 Epouse Amandine, qui travaillait chez Emmanuel Renault, avec qui il aura trois filles, dont la dernière, Aalya, est née mardi dernier.

2012 Participe à l'émission Top Chef, où il finit troisième.

2013 Sort son premier livre, Fou de cuisine.

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