
C’est une boulangerie presque à l’ancienne, serait-on tenté de dire. Pas de machines automatisées et beaucoup de personnel. Normal, il s’agit en fait de l’Atelier-Biscuiterie de La Rosière, à Estavayer-le-Lac, et les employés sont tous handicapés mentaux ou psychiques, à l’exception des maîtres socioprofessionnels. Mais c’est bien cet atelier qui a remporté un des Coqs d’Or suisses décernés par le premier Guide des gourmands. «Vous savez, on fait des produits nobles dans un secteur haut de gamme», explique Gérald Bopp, le responsable. «On est très fiers d’avoir reçu ce prix, explique Myriam, une des employées. Mais c’est aussi parce qu’on travaille bien», poursuit la jeune fille.
Conçue comme une entreprise privée, malgré les subsides, la fondation gère plusieurs ateliers. Chacun des responsables est donc un petit entrepreneur à lui tout seul, responsable de réaliser son chiffre d’affaires, de suivre le marché, de trouver des clients. A la biscuiterie, on fabrique une vingtaine de produits, dans la grande tradition broyarde, depuis les flûtes au sel ou au cumin jusqu’aux pains d’anis ou aux croquets, en passant par les meringues ou les bricelets. Et on compte Migros ou Manor au nombre des clients, mais aussi une vingtaine de plus petits, «et jusqu’à Zurich», se réjouit Gérald Bopp. Qui a lancé récemment un service traiteur en plein développement dans la région.
Le secret des caramels
La quinzaine de collaborateurs ne sont pas affectés exclusivement à la biscuiterie, mais ils ont tous fait des apprentissages ponctuels pour pouvoir travailler sur les différentes confiseries. La cuisson des caramels à la crème, dans de belles bassines en cuivre, reste l’apanage des maîtres. «Vous n’aurez pas la recette, même si vous me torturez, explique Marc… D’ailleurs, je ne la connais pas!» Selon leur handicap, en effet, les employés ont le droit de faire telle ou telle tâche. Etse, lui, peut préparer les pâtes dans le grand pétrin, et c’est le spécialiste de la cuisson des pains d’anis. N’empêche, Gérald ou Claude Barras, l’un des deux éducateurs, est toujours à proximité.
A regarder Benoît ou Nicole, les spécialistes du bricelet roulé, chacun devant son petit four, on comprend que la vitesse n’est pas le maître mot ici. A eux deux, ils produisent environ trente sachets par jour de travail, des sachets vendus 5 fr. 20 pièce. Faites le calcul de la rentabilité… Mais les responsables sont par contre intraitables sur la qualité. «Même si leur salaire est bas, on a des exigences, des délais à tenir. Par exemple là, on a une commande de 600 sachets de biscuits à l’anis, tout le monde s’y met, on doit livrer à temps», explique Gérald Bopp. Son collègue Claude Barras tempère: «C’est génial d’insérer ces handicapés dans la vraie vie, mais il faut qu’on garde un équilibre entre leur besoin d’occupation et leur stress.»
«Ici, on a de bons amis», explique Schanty. C’est vrai que l’ambiance est amicale, que les petits gestes de tendresse ne manquent pas, même si de petites frictions peuvent apparaître comme dans n’importe quel groupe.
«On est heureux quand les clients viennent acheter les produits ici, à La Rosière. le contact avec le public est important. Et pour les handicapés, c’est agréable d’être considérés comme des professionnels, tout simplement», conclut Gérald Bopp.
Où trouver leurs produits?
On en trouve chez Migros ou chez Manor, dans les restoroutes de la région et dans certaines laiteries ou épiceries. Sinon, aller à La Rosière, route d’Yverdon 44, 1470 Estavayer-le-Lac. Tél. 026 663 99 34. www.rosiere.ch.






La mémoire des légumes oubliés
Il est frais, mon poisson
De joyeux bocaux de conserve
Des biscuits sans handicap
Accusé numéro 1: le bothriocéphale, dit également "ténia du poisson". C'est Le Matin qui nous l'apprend, ce ver géant guette le pauvre amateur de poissons du Léman en nombre. Le Service genevois de la consommation et des affaires vétérinaires est inquiet: sur 132 prélèvements effectués dans des restaurants, poissonneries et magasins genevois, la chair de filets de perche était infectée dans sept cas. Si vous avez un côté dramatique, vous saurez donc que la larve attend sagement dans la chair du poisson. Une fois que vous l'ingérez, elle se développe dans votre intestin avec bonheur, pour atteindre jusqu'à 10 mètres de long. Pas très rassurant. Mais la prévention est simple: il suffit, soit de cuire le poisson, ce que l'on fait quand même assez souvent, soit de le congeler au moins 24 heures, si on prévoit de le manger cru, en tartare (photo) ou en sushi. Ouf, on aime tant la féra et la perche par ici...
Accusé numéro 2: on ne le connaît pas encore. On connaît son crime, à savoir tuer les jeunes huîtres françaises et hollandaises. Il y a toujours une mortalité chez les jeunes huîtres, mais là, ça tourne au cauchemar, avec des taux de 40 à... 100% de jeunes tués. La récolte de cette année n'est pas menacée, puisque les huîtres adultes ne sont pas touchées, mais c'est tout l'avenir qui est en péril. Les ministères ont mis sur pied de véritables cellules de crise avec l'Ifremer (Institut français d'exploitation de la mer), qui a mobilisé "tous ses moyens scientifiques" pour trouver une parade au phénomène. Parmi les suspects: un changement de la température de l'eau, un virus mystérieux ou la présence de micro-algues. Qu'on se rassure, les huîtres que vous trouverez sur les étals cette année sont totalement comestibles et il n'y a aucun risque pour l'homme. Mais, après la grande épizootie des années 70, qui avait liquidé les huîtres dites "portugaises" élevées en Europe. Il avait fallu alors que les ostréiculteurs se lancent dans l'huître japonaise, qui peuple la majorité de nos parcs aujourd'hui.