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Produits - Page 12

  • Une confrérie pour défendre la charcuterie artisanale

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    Les vins vaudois avaient le Guillon, les pains les Chevaliers du Bon Pain, mais la charcuterie artisanale et ses spécialités n’avaient pas de confrérie pour défendre leurs valeurs dans la bonne humeur. C’est désormais chose faite avec le lancement, jeudi dernier, de la Confrérie de la charcuterie artisanale, au château d’Aigle.

    La bonne centaine d’artisans bouchers-charcutiers vaudois se bat contre la grande distribution et ses laboratoires industriels. Pour affirmer leur métier d’artisan, leur savoir-faire, ces travailleurs de l’ombre ont bien des associations professionnelles, comme l’Association des maîtres-bouchers (AVMB), la Charcuterie vaudoise, l’ICAOC qui défend les AOC du boutefas et du jambon à la borne. Mais rien qui respire la gourmandise et la bonne humeur. «Nous voulions quelque chose de chaleureux, explique José Naef, président de l’AVMB. L’amour de notre métier passe par la fabrication de terrines, d’atriaux, de saucisses aux choux ou de saucissons IGP. Il fallait un truc qui nous réunisse.»


    L’idée de la confrérie est bien née dans le comité de l’association vaudoise. Mais la jeunette espère s’étendre au niveau romand, «puis suisse, si nécessaire», poursuit José Naef, qui est également lieutenant-gouverneur de la confrérie. Son gouverneur n’est autre que Philippe Stuby, l’actuel vice-président de l’association. «Il fallait bien commencer quelque part, raconte-t-il. Mais tous les autres cantons romands nous ont déjà signifié leur intérêt.»

    Même les «gros» de la viande, Bell qui livre à Coop et Suter qui livre à Migros, auraient envie de rejoindre la confrérie. Mais les artisans ont verrouillé l’affaire. Pour être «compagnon-boucher», il faut être artisan, avoir son laboratoire et son magasin. Les candidats devront également être visités par une commission qualité et les demandes pourront être rejetées «sans avoir à indiquer de motifs». Les grossistes, eux, ne pourront être que compagnons simples, et ne recevront donc pas les insignes à afficher dans les magasins. Enfin, des compagnons d’honneur pourront être intronisés… comme au Guillon. «Nous nous sommes beaucoup inspirés du Guillon et du Bon Pain, explique Giovanni Giunta, nouveau chancelier, qui a beaucoup travaillé sur les statuts, les insignes et les habits de cérémonie. Les premiers candidats seront reçus dès le mois de mars et les premiers chapitres auront bien lieu en 2009.

    Les trésors de la charcuterie vaudoise ont différents statuts

    Les spécialités vaudoises sont diverses dans le domaine. Petit tour d’horizon.

    Le boutefas: «Produit de charcuterie pur porc cru à maturation interrompue, consommé après cuisson.» Il veut bénéficier d’une AOC, dont le cahier des charges spécifie qu’il doit être fait de viande de porcs vaudois, qu’il compte 60% de viande maigre contre 40% de lard, qu’il pèse entre 600 g et 3 kilos, qu’il a la forme caractéristique liée au cæcum de porc qui l’entoure. Il est salé et poivré. Epices autorisées: ail, coriandre, lie de vin et vin blanc. Philippe Stuby le laisse sécher un jour ou deux avant de le fumer environ cinq heures. Ce n’est qu’ensuite qu’il prendra la bonne couleur en séchant. Attention à la température de fumage, pour que la peau ne colle pas

    La saucisse aux choux est protégée, elle, par une IGP (indication géographique protégée). Elle doit être «conditionnée dans un boyau courbe de bœuf d’un diamètre de 38 à 44 mm, en boucle». Peut faire entre 300 et 400 g. Il doit aussi y avoir un rapport 60/40 entre viande maigre et lard. Sont exclus les tendons, parties sanglantes et ganglions. La viande de porc doit être suisse, les choux suisses blanchis et pressés. Epices admises: ail, coriandre, muscade, macis, girofle et anis

    Le saucisson vaudois est, lui aussi, protégé par une IGP. Ses ingrédients admis, hormis le chou, suivent les mêmes règles que la saucisse aux choux, à l’exclusion du boyau, qui doit être de porc.

    Le jambon de la borne veut bénéficier, lui, d’une AOC entre Vaud et Fribourg. La production, l’abattage et la découpe primaire peuvent avoir lieu sur les deux cantons, mais la salaison et le fumage au feu de bois ont lieu sur Fribourg et seulement une partie du canton de Vaud (districts de Vevey, d’Oron, de Moudon, de Payerne et d’Avenches).

    Les atriaux, pâtés, saucisses à rôtir et saucissons secs ne jouissent d’aucune protection.

    La charte de la confrérie

    Pour faire partie de la Confrérie de la charcuterie artisanale et vous offrir chaque jour le meilleur du terroir, je soussigné, compagnon-boucher, m’engage à respecter les points suivants:

    Défendre avec passion la richesse des produits de charcuterie artisanale.

    Respecter scrupuleusement les règles de la bonne pratique de fabrication pour offrir le meilleur de mon art.

    Sélectionner rigoureusement l’ensemble de mes produits pour arriver à un goût qui corresponde au goût original.

    Perfectionner sans cesse mon savoir-faire.

    Article paru dans 24 heures du samedi 6 décembre 2008.

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  • Le foie gras "éthique" chez les grands chefs romands

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    Quel est le point commun entre Philippe Rochat, Gérard Rabaey, Georges Wenger, Carlo Crisci et tant d’autres? Ils sont tous clients de Bonne Saveur Bonne Humeur, la petite société bio de Bettens créée par Eric Pibiri. Ce dernier leur fournit, entre autres, des foies gras frais des Landes qu’il garantit «éthiques». Ne rêvez pas, même si vous le demandiez gentiment, vous ne pourriez pas en obtenir car la production est limitée, et Eric Pibiri veut que ses foies gras frais soient bien apprêtés. Grâce à ses contacts privilégiés dans les Landes, il obtient des pièces qualité «extra», issues de 17 basses-cours artisanales pour celui de canard et quatre autres pour celui d’oie, qui parviennent au restaurateur le lendemain ou surlendemain de l’abattage.

    Mais comment un importateur bio, qui milite pour l’utilisation d’algues dans l’alimentation, qui vous offre un sirop de lavande sauvage quand vous arrivez, peut-il cautionner le foie gras que beaucoup critiquent pour sa «cruauté»? «Il faut respecter l’animal», explique-t-il. «Je préfère un canard qui aura vécu en liberté toute sa vie (six mois), en plein air, avec de l’herbe à disposition, et qui ne subira que quelques jours de gavage avant l’abattage, à un poulet que vous trouverez en supermarché, qui aura vécu toute sa courte vie en batterie en Allemagne, par exemple.»

    Pour lui, le canard se gave naturellement avant de migrer. Et le premier jour de gavage, il suffit de proposer au volatile du maïs en abondance pour qu’il se jette dessus voracement.

    Eric Pibiri importe donc entre 60 foies frais par semaine, au creux de l’été, et 350 au mois de décembre, période de folie dans le petit entrepôt de Bettens. Mais il offre également tous les produits traditionnels de l’oie et du canard, qu’il ne propose aux privés que dans quelques épiceries et boucheries (Epices&Riz au Mont, Grandjean à Cheseaux, Devalloné à Lucens, OZépices à La Sarraz et La Papille gourmande à Payerne). Son foie gras Dupérier mi-cuit, sous vide, est juste assaisonné en sel et poivre: «Je n’aime pas ceux qui sont marinés à l’alcool, cela cache les qualités du foie.» Fritons de Chalosse, bloc ou mousse de foie gras, blanquette de canard et autres sont garantis naturels, évidemment.

    Des algues aux huiles

    Bonne Saveur Bonne Humeur ne livre pas que des foies gras aux chefs. Eric Pibiri, de lointaine origine sarde et fils de cuisinier, possède un très beau réseau de fournisseurs un peu partout en France et ailleurs pour des produits de tradition. Il milite pour un commerce équitable, à savoir la juste rétribution des artisans qui produisent des produits de qualité.

    Il est également un grand défenseur des algues, dont il ne cesse de vanter les vertus et qu’il commercialise fraîches ou séchées. Ses sirops de plantes aromatiques (lavande, thym, etc.) sont cueillis à la main sur des plantes sauvages. Il propose également toute la gamme de Mille et Une Huiles, argan, noisette, noix de pécan, pistache, pignon de pin, etc.

    Et quand certains chefs cherchent des produits très particuliers, c’est souvent vers lui qu’ils se tournent. Il a ainsi trouvé des pommes et des poires tapées, une méthode qui remonte à Louis XIV pour sécher les fruits et leur conserver textures et saveurs.

    www.bsbh.ch

    Les conseils pour l'escaloper

    Pierrick Suter est connu loin à la ronde pour ses foies gras poêlés. A tel point qu’il ne peut pas les enlever de la carte de son Hôtel de la Gare de Lucens sans soulever les protestations des clients. Il se fournit chez Bonne Saveur Bonne Humeur parce «ce sont des foies issus de canards qui ne sont pas poussés. Ils résistent beaucoup mieux à la cuisson que des foies de mauvaise qualité, produits à la va-vite, qui ne vont donner que de la graisse dans la poêle.» Idéalement, pour lui, il faut trouver des pièces fraîches, pas emballées sous vide: «Cela peut donner un mauvais goût, cela fait ressortir le sang.» Quand Eric Pibiri est en rupture de stock, il achète chez Mulhaupt des foies troussés de chez Castaing.

    Pour la cuisson, quelques règles. «Avec des produits comme ça, il n’y aurait même pas besoin de fariner. J’en mets un tout petit peu quand même. Ensuite, un tout petit peu d’huile dans la poêle, sinon le foie risque de brûler avant d’avoir libéré sa graisse. Et il faut une poêle bien chaude, de 40 secondes à une minute de chaque côté, selon l’épaisseur. Si le lobe brunit trop vite, on retire du feu rapidement.» Et on peut laisser dans la poêle à côté du feu un instant.

    Il y a foie et foie

    Canard ou oie? Chacun a ses défenseurs. Eric Pibiri aime les deux, qui ont un goût différent.

    Alsace ou Sud-Ouest? Pour Eric Pibiri, ce ne sont que les Landes ou les Deux-Sèvres. Mais il ne méprise pas les concurrents «étrangers». La Roumanie et la Hongrie font également quelques beaux foies gras, qu’on peut retrouver sous l’appellation Alsace si le canard a été abattu là-bas.

    Conserve A côté du frais et du mi-cuit, les conserves présentent de belles qualités si elles sont faites dans le respect de la tradition, en conserve ou en bloc. Surveillez la composition.

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  • Les adresses du chef: Pascal Locatelli, à Croy

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    pascal_Locatelli.jpgPascal Locatelli tient Au Gaulois, à Croy, depuis trente-six ans. Un bel exemple de longévité qui va se clore à l’été prochain, puisqu’il remettra son restaurant au second de Carlo Crisci. Mais ces trente-six ans lui ont également permis de tisser un véritable réseau de fournisseurs pour alimenter son restaurant, connu pour sa viande, mais où plein de menus à thème se succèdent. La chasse se termine dans une semaine, avant que décembre n’annonce le retour des saint-jacques, poissons de mer et viandes au feu de bois.

    Les viandes, justement, lui viennent de chez Olivier Bühlmann, à Orbe, et de chez Jean-Luc Martignier, à Vallorbe. Deux fournisseurs parce que le chef en fait une telle consommation, comme ces cœurs de filet de bœuf, par exemple, qu’il rôtit avec précision.

    Pour les légumes, la palette est large, Willy Dutoit, à Cuarny, Josette Bovet, à Arnex, ou Daniel Jaquier, à Gressy, se partagent ses faveurs. Ils sont tous présents sur différents marchés.

    Les champignons de saison viennent d’un homme qui a fait découvrir à Pascal Locatelli des espèces qu’il ne connaissait pas, comme le rouge ponceau ou le pied violet. Claude Gothuey va lui-même en forêt et fait appel à trois ou quatre personnes pour l’aider. Mais, chut! Le chef ne voudrait pas qu’on le dise trop fort…

    Au Gaulois, 1322  Croy, tél. 024  453  14  89. www.au-gaulois.com. Fermé lundi, mardi et mercredi midi.
    Boucherie Bühlmann, Grand-Rue 7, 1350  Orbe.
    Boucherie Martignier, Grand-Rue  18, 1337  Vallorbe.
    Willy Dutoit, 1404  Cuarny.
    Josette Bovet, 1321  Arnex-sur-Orbe.
    Daniel Jaquier, 1432  Gressy.
    Claude Gothuey, 1040  Echallens.

    Article paru dans 24 heures du samedi 22 novembre 2008.

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  • La truffe se développe en Suisse romande

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    «Allez, cherche, Pepsi, cherche.» Pepsi, un petit coton de Tuléar de 9 ans, hume le sol de cette petite bande boisée de Saint-Triphon. Soudain, il s’arrête, commence à gratter. Son maître, Jean-Pierre Schmidt sort un petit outil pour dégager la terre là où Pepsi s’est arrêté  et il trouve une truffe de Bourgogne d’environ 30 grammes. Il en trouvera deux autres dans l’heure qui suit, ainsi que quelques truffes mésantériques, à l’odeur d’iode et de bitume, nettement moins prisées des gastronomes, et quelques Rufum, de la taille d’une noisette, franchement peu intéressantes. Jean-Pierre Schmidt est un caveur pendant son temps libre, à savoir un de ces chasseurs de truffe qui parcourent les forêts de Suisse romande. Il est aujourd’hui en compagnie de deux amis, en «reconnaissance» de nouveaux coins. Ses coins, ses truffières à lui, il n’y va que lorsqu’il est seul, il ne veut pas les dévoiler.

    Combien sont-ils en Suisse romande? Difficile de le savoir, tant le milieu – où tous, ou presque, se connaissent – est discret. D’ailleurs, les deux amis de Jean-Pierre ne veulent pas apparaître sur les photos, ils ne veulent même pas d’image de leurs chiens qu’«on pourrait reconnaître»...

    Jean-Pierre Schmidt fait partie de ces passionnés qui «vont aux truffes» plusieurs fois par semaine, de septembre à décembre. Cette année, octobre n’était pas très bon, mais novembre s’annonce meilleur. «En 2007, j’ai eu l’impression qu’on en trouvait de plus grosses.» Car la truffe est extrêmement sensible aux conditions climatiques. La truffe de Bourgogne aime les forêts pas trop denses, l’ombre, et apprivoise les racines des noisetiers, des tilleuls, des charmes, des hêtres. Le mythe du chêne est tenace, mais la subtile alchimie entre les spores du champignon et les racines des arbres n’est pas liée à cet arbre en Suisse, où on ne trouve ni truffe noire du Périgord ni truffe blanche d’Alba, les deux reines de la catégorie, qui atteignent plusieurs milliers de francs le kilo suivant les années.

    Chez nous, les conditions ne sont pas propices à ces deux champignons, mais bien à la truffe de Bourgogne, aux parfums plus discrets mais néanmoins fort prisées des gastronomes. Les prix, aussi, sont nettement plus abordables, aux alentours de 300 à 400 francs le kilo. Peu de caveurs, pourtant, «chassent» pour le commerce. «Une petite dizaine, peut-être», avance Jean-Pierre Schmidt, qui préfère donner les siennes à des amis ou les cuisiner lui-même.

    Un chiffre que confirme Murielle Groux, à Laufon, ambassadrice de la Confrérie suisse de la truffe de Bourgogne. Cette amicale compte 150 membres, pas tous caveurs, qui se réunissent une fois par année pour un grand repas truffier. «Même le dessert, explique-t-elle. La truffe s’accorde bien avec des mets sucrés.»

    Murielle Groux se bat pour la plantation. Elle-même possède un petit bout de forêt dans lequel elle a replanté des arbres mycorhizes, à savoir sur lesquels des spores de truffe ont été déposées en espérant que la magie prenne. Que les spores développent leurs filaments sur les racines de l’arbre en une sorte de toile d’araignée avant de donner naissance au champignon roi. Ensuite, tout est question de patience. Au bout de cinq ans, peut-être, les premières apparaîtront. «Pour de la production, il faut presque patienter quinze ans», poursuit Murielle Groux. Quand on parlait de passion…

    Le problème de ces plantations forestières tient aux lois sur la forêt, qui en font un domaine public. N’importe qui peut, en effet, venir y chasser la truffe, qu’ils soient animaux (sangliers, écureuils, rongeurs) ou humains. D’où l’importance de la discrétion affichée.

    Une culture reconnue par Berne

    François Blondel et Prométerre viennent de remporter une première victoire. L’Office fédéral de l’agriculture a reconnu la culture de la truffe de Bourgogne en Suisse et accorde un subside à la reconversion de champs en truffières. De quoi s’agit-il? François Blondel et sa Pépinière de Genolier proposent aux agriculteurs de reconvertir leurs parcelles, et ce pour plusieurs raisons. Economique, d’abord, puisque à plein rendement, un hectare peut rapporter plus de 40 g de truffe de Bourgogne. Ecologique, ensuite, parce que ces espaces ainsi créés n’abritent pas que des champignons, mais servent à toute une faune. L’équipe analyse d’abord les sols, qui doivent contenir du calcaire actif, propose des plants mycorhizés qui viennent des pépinières Robin, en France, pionnières dans le domaine, et aident l’agriculture pour la suite. Aujourd’hui, dix hectares, de Genève au Nord vaudois, ont déjà été plantés. Ne reste plus qu’à attendre.

    Article paru dans 24 heures du samedi 22 novembre 2008.

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  • A L’Etivaz, la qualité du fromage se vérifie pièce par pièce

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    Etivaz1.jpgJusqu’au 20 novembre prochain, un cérémonial rythme les caves de la Coopérative de L’Etivaz chaque jour: la pesée. Pendant trois semaines, chacun son tour, la septantaine de producteurs passe le rituel qui constitue «le jour le plus important de l’année», comme l’explique Philippe Rosat, dit «Pipo». Chaque fromage apporté durant l’été est déplacé, pesé avant que le directeur de la cave, Christophe Magne, le tape pour vérifier sa qualité, voire le carotte pour le goûter, carottage qui sert aussi à Peter Zuercher, le conseiller en fabrication, pour ses analyses où il vérifiera la teneur en eau et en matières grasses.


    A la fin de cette pesée, le producteur saura ainsi combien de fromages seront retenus par la coopérative, et lesquels seront classés en 1er choix autorisé à la vente sous le label de L’Etivaz, en 2e choix destiné à être commercialisé sous le nom de fromages d’alpage, voire en 3e choix, presque condamné à la destruction. Surtout, il saura ainsi quel chiffre d’affaires il a réalisé sur l’un des cent trente alpages. Le fromage est en effet payé 11 fr. le kilo au producteur, auquel s’ajoutera peut-être une prime à la qualité après un examen début décembre devant la Commission de taxation indépendante, qui notera les pâtes sur un total possible de 20.

    En moyenne, 97,5% des fromages parvenus à la coopérative sont sélectionnés en premier choix, d’autant que le paysan peut garder pour lui 10% de sa production qu’il choisit parmi les meules légèrement abîmées. Et la note moyenne en taxation est aux alentours des 19/20. Ce n’est pas preuve de laxisme de la commission, indépendante de la Coopérative. Mais bien celle de l’esprit de qualité institué dans la région depuis la création de l’AOC en 1999. Et cette AOC impose un cahier des charges des plus contraignants aux producteurs: fabrication artisanale en altitude (1000 à 2000 m), cuisson au feu de bois dans une des dix communes autorisées, pas de transport du lait, qui doit être cru.

    Mais cette exigence donne des résultats tangibles: L’Etivaz commercialise sans problème environ 450 tonnes de fromage chaque année, produites entre le 10 mai et le 10 octobre. Mieux: plus d’un tiers est vendu à l’exportation, en France, en Allemagne et en Belgique principalement. Côté suisse, les grands distributeurs restent importants en volume, «mais les petits détaillants montent en puissance, ce qui nous rend moins dépendants par rapport aux grandes surfaces», explique Christophe Magne.

    Surtout, ce succès économique est «très important pour la région, poursuit-il. Cela a permis à beaucoup de producteurs d’avoir une exploitation rentable malgré sa petite taille». Du côté de la coopérative, Peter Zuercher, le conseiller en fabrication, passe régulièrement dans les alpages, donne des conseils, amène des levains lorsque ceux du paysan faiblissent. Et ce dernier peut venir régulièrement faire analyser ses produits en cas de doute. Enfin, la traçabilité de chaque fromage est assurée dès sa source, avec un cahier où sont notés la température extérieure, la quantité de lait dans la chaudière, etc. «Les paysans ont compris que la qualité est le nerf de la guerre», assure Frédéric Deschenaux, responsable du magasin de la Maison de L’Etivaz, où s’arrêtent les touristes.

    «On a installé cette marque, on a aussi vendu l’image des hommes derrière le produit et ça marche», analyse Christophe Magne. Ce qui n’empêche pas la coopérative de poursuivre ses efforts marketing, ses contacts avec les grands clients, ses présences dans des foires ou des concours. L’Etivaz vient d’ailleurs de remporter un Swiss Cheese Award. A voir le soin mis à sa fabrication, c’est bien mérité.

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    L’amour du travail bien fait

    Philippe Rosat (dit «Pipo», photo ci-dessus) habite les Revers de Château-d’Œx et, durant la période estivale, il exploite l’alpage de Combarin, au-dessus de La Tine, à 1250 m d’altitude où il alpe ses 30 vaches (50 têtes de bétail au total). Au terme de la pesée, Pipo s’est vu crédité 5500 kg en premier choix, ce qui le remplit de satisfaction.


    Avec son épouse, ses parents et un apprenti, Philippe Rosat assume non seulement l’exploitation de l’alpage mais aussi les travaux de fenaison. Et si les porcs sont absents de l’alpage, Pipo a opté pour la fabrication du «serré» avec un débouché auprès du commerce local. Formé en autodidacte, Pipo fromage depuis 1995, date depuis laquelle la famille exploite cet alpage, qu’elle a maintenant acquis. Un métier qui le remplit de bonheur en été, tandis que durant l’hiver il diversifie ses revenus par une activité de professeur de ski.

    Apprécier L’Etivaz

    Visiter: La Maison de L’Etivaz est ouverte tous les jours (de 8 h à 12 h, de 14 h à 18 h en hiver). On peut y voir un diaporama (2 fr.), visiter les caves à 10 h et à 15 h (5 fr.), y faire une dégustation vin/fromage (5 fr.) et bien sûr y acheter des produits de terroir à l’épicerie. Frédéric Deschenaux organise également gratuitement des visites dans les alpages environnants, avec ou sans repas.

    Manger: On trouve dans le commerce de L’Etivaz jeune ou vieux (goût plus corsé), ainsi que des rebibes venues de fromages qui ont passé trois ans en cave. Environ 1000 pièces chaque année sont conservées pour les rebibes.

    Avec la collaboration de Marie-Jeanne Rosat, photos d'Edouard Curchod.

    Article paru dans 24 heures du samedi 15 novembre 2008

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  • Le sauveur des patates suisses

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    PATATES_CHANGINS_2.jpgLa sauvegarde de la patate suisse tient à peine sur 2 m2! C’est la surface nécessaire pour poser les microplantes qu’a créées le Dr Công-Linh Lê, responsable du Service de biotechnologie végétale de Changins. Et c’est ici que sont conservées les 150 espèces de pommes de terre cultivées en Suisse. C’est bien peu comparé aux 7500 variétés recensées au Pérou, son pays de naissance. Mais c’est déjà beaucoup plus que les sortes que l’on trouve dans les grands magasins.


    Qui vend encore la peau lilas d’Uetendorf à la forme tarabiscotée, la pfavi, toute longue et mince, la rouge canchan ou la violette russe?
    Elles sont peu à peu tombées dans l’oubli, parce que leur forme les rendait compliquées à peler ou parce qu’une maladie les menaçait de disparition. Le marché suisse s’est donc concentré sur des variétés plus faciles à cultiver et à conditionner, aboutissant aujourd’hui à ces sachets sur lesquels le nom n’apparaît qu’en petit, au détriment d’un code couleur: vert pour les patates fermes destinées à la raclette ou à la salade, rouge pour les röstis, bleu pour les purées…

    Une micromémoire

    Heureusement, le Dr Lê est là pour sauver la diversité. C’est lui qui veille sur notre mémoire en récoltant les specimens rares ou malades. Il va d’abord les assainir: il prélève des germes, en fait des microplantes élevées in vitro, à 38 degrés pour que le virus progresse moins vite que le végétal. Il extrait ensuite la partie sommitale du tubercule, non touché par la maladie, qu’il régénère ensuite de manière naturelle.
    Ces microplantes sont ensuite testées pour voir s’il reste des traces de virus et, si oui, on recommence l’opération. Puis ces espèces sont conservées, soit sous forme de microplantes – d’une dizaine de centimètres – qu’il faudra renouveler tous les mois, soit sous forme de microtubercules (une toute petite patate de moins d’un centimètre) ou sous forme de microbille, un bourgeon minuscule enrobé dans de l’alginate de calcium, qui tiendront un an au frigo.

    Car la conservation n’a pas qu’un but muséographique. Au contraire: les espèces cultivées souffrent souvent de maladie à force d’être replantées. Quand une variété est trop touchée, on fait appel au Conservatoire qui, grâce à ses cultivars, va pouvoir rapidement refournir le pays. Car dame Patate, sous ses airs de petite dure, est en fait une grande fragile, sensible aux maladies et à la météo.

    C’est pour cela qu’elle demande beaucoup de travail aux producteurs (comptez deux cents heures par hectare). Et, logiquement, ces derniers se font rares: ils sont passés en un demi-siècle de 160 000 à 7000 aujourd’hui et la production indigène a chuté de deux tiers. Les consommateurs boudent en effet un légume faussement réputé calorique. C’est bien injuste envers celle qui nous a si souvent sauvés de la famine…

    Bonne à tout faire…

    Internationale: née dans les Andes, la pomme de terre s’implante maintenant partout. Quatrième culture vivrière du monde, après le maïs, le blé et le riz. Le premier producteur est aujourd’hui… la Chine, devant l’Inde.
    La surface cultivée dans le monde représente cinq fois le territoire suisse.

    ONU: la FAO et l’ONU plaident pour l’intensification de la culture de la patate pour lutter contre la faim. Le tubercule a, en effet, le meilleur rapport calories/surface cultivée.

    Solidaire: la DDC coopère avec les pays andins pour préserver leurs variétés

    Gastronomique: de nombreux chefs tentent de défendre les variétés négligées, qui offrent une palette de goûts très large.

    Article paru dans 24 heures du samedi 1er novembre.

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  • Manger Rochat en un clic

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    Caviar, foie gras, sel rare ou thé d’exception: Luxfood offre à manger chic… et cher.

    Non, Luxfood.ch ne va pas chercher à concurrencer LeShop.ch. D’ailleurs, cette épicerie en ligne n’offre «que» deux cents produits, mais quels produits! Foies gras, truffes, caviars, saumons fumés, champagnes, etc. Bref, que du produit haut de gamme.

    Ce concept chic est né dans l’esprit de Marc Biver, l’ancien manager sportif. Pour lui, ces produits sont toujours difficiles à trouver dans les magasins. Comme la famille Biver est très proche de Philippe Rochat, l’influence de celui-ci est décisive. On trouvera donc sur Luxfood les produits élaborés dans les cuisines du chef de Crissier et d’autres qui portent sa griffe, qui constituent presque les deux tiers de l’assortiment.

    Les prix, forcément, ne sont pas à la portée de la première bourse. De 6 fr. 70 les 500 g de semoule de couscous à 950 fr. les 50 g de caviar iranien en passant par le champagne Moët & Chandon Midnight Gold à 580 fr.

    Le site a également un partenariat avec RSH, le traiteur d’exception créé par le même Philippe Rochat et deux partenaires, qui se consacre principalement aux grands banquets et aux dîners de gala.

    Pour le reste, Luxfood a une toute petite structure basée à Saint-Blaise (NE) et applique la même logistique que LeShop, avec des commandes entièrement en ligne, qui seront livrées le lendemain par la Poste, si elles ont été reçues avant 15 heures.

    Article paru dans 24heures du vendredi 31 octobre.

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  • La crème des gourmands suisses

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    gourmand.jpgLe Guide des gourmands lance son édition suisse, avec 500 adresses pour trouver les meilleurs produits. Quatre Vaudois sont primés.
    Que découvrent des Parisiens quand ils arrivent en Suisse romande? Non, pas que des chocolats et des fromages! Elisabeth de Meurville, qui produit le Guide des gourmands français depuis deux décennies, l’avoue dans son éditorial: «Oui, la Suisse est un pays gourmand dont les bonnes adresses méritent d’être découvertes par les Suisses eux-mêmes mais aussi par tous les Européens et, même, pour certaines, par le monde entier.»


    Avec son équipe et le soutien de journalistes locaux, Elisabeth de Meurville a donc sillonné la Suisse romande, tâté, dégusté, essayé. Elle en est ressortie enchantée: «Il y a beaucoup de produits qu’on ne trouve qu’en Suisse et nulle part ailleurs. C’est vraiment le signe que la mondialisation n’a pas encore vaincu et que chaque pays garde ses particularismes.»

    Dans son hit-parade helvétique… les flûtes au beurre. «En France, on n’a plus rien pour l’apéro. Les flûtes bien faites, c’est divin.» Mais elle a également beaucoup aimé la crème double de Gruyères et les meringues, les différentes viandes séchées, toutes les variétés de saucisses, saucissons et lard: «On ne trouve plus de bon lard chez nous. Dans votre pays, il est bien fait, ce n’est pas juste du gras.» Et les fromages, bien sûr. Son seul regret durant ses voyages en Romandie? Le beurre. «On ne trouve pas de bon beurre en Suisse, c’est étonnant avec la qualité des laitages que vous avez.»

    La journaliste française a également découvert un autre particularisme: les marchés à la ferme. «C’est une excellente idée qui peine à percer en France. Il y a de beaux produits, l’accueil est vraiment agréable, et c’est un merveilleux moyen d’éduquer les enfants», explique-t-elle. «C’est vrai que, même en ville, vous êtes rapidement à la campagne…»

    Basque d’origine mais Parisienne bon teint, Elisabeth de Meurville a suscité la curiosité quand elle est arrivée dans les boutiques romandes, posant des questions, parlant de son guide. «Ils m’ont regardée comme si j’étais un drôle de truc. Certains se méfiaient et ne me croiront que quand ils auront vu le guide. D’autres ont été rassurés quand ils ont vu que j’achetais des produits.»

    Au final, donc, un recueil bien fait. Les 500 adresses couvrent la Suisse romande, mais proposent également des produits de France et d’Europe. Pour ces derniers, «99% peuvent être expédiés par la Poste», assure la journaliste, qui explique que ce principe, déjà présent dans le guide français depuis des années, est fort apprécié des lecteurs, qui vont soit commander ce qu’ils recherchent, soit profiter d’un voyage dans la région pour se rendre aux adresses recommandées.

    Et, comme dans le guide français, la petite équipe d’Elisabeth de Meurville a sélectionné quelques marchands ou producteurs pour leur décerner un Coq d’Or, sorte de coup de cœur de la rédaction. Surprise, sur les sept Coqs d’Or de cette première édition suisse, quatre sont Vaudois. Nous vous les présentons ci-dessous, ainsi qu'une sympathique initiative à Estavayer-le-Lac.

    Le guide des gourmands, édition suisse 2009. Ed. Glénat et Ringier. 224 pp. 29 fr. 90.

    delessert_Arnex.jpgLa mémoire des légumes oubliés
    Dans sa ferme d’Arnex-sur-Nyon, Bernard Delessert a de la mémoire. Surtout celle qui le pousse à cultiver des légumes qu’on avait oubliés. Une cinquantaine de variétés de tomates, 17 sortes de piments, 12 d’aubergines, des panais, des topinambours, du persil racine, du cerfeuil tubéreux ou de la vitelotte (pomme de terre violette), etc. Une débauche de légumes qui débouche également sur de belles conserves, sans oublier des volailles et des œufs pondus sur place.
    Ferme des Pralies, 1277 Arnex.  Tél. 022 367 15 51.

    christinat_Coppet.jpgIl est frais, mon poisson
    A Coppet, c’est une entreprise familiale, avec Fabrice, le fils, pêcheur professionnel, et Germaine, la mère, qui cuisine en compagnie de Bruno Legros, des merveilles du lac et de la mer. Le guide a apprécié ses quenelles de brochet, «fondantes et légères, parfumées et délicates». Mais il ne faut pas oublier les poissons frais, la terrine du lac, les salades de gambas ou de crevettes, les rillettes de féra fumée, les mousses, les gratins… Possibilité de prendre des cours.
    Poissonnerie de Coppet. Tél. 022 776 15 67.

    dufaux_morges.jpgFin affineur raffiné
    Même s’il est tombé dans le fromage étant petit, Jacques-Alain Dufaux continue à découvrir cet univers avec passion, constamment à la recherche de petits producteurs de Suisse et d’ailleurs. Emmental de grottes, tomme de l’Apprenti, Chaux d’Abel, Val-de-Bagnes ou Etivaz de dix-huit mois sont vendus au bon moment après l’affinage. Sans oublier les spécialités de chèvres et de brebis. Ses fromages à raclette sont un délice que ne renieraient pas les Valaisans. C’est sans doute pour cela que ce Compagnon de la Confrérie du Gruyère fournit également la table de grands chefs de la région. Il fait volontiers visiter sa cave sur demande.
    Fromagerie Dufaux, 1110 Morges. Tél. 021 801 12 93.

    Bocaux_Forel.jpgDe joyeux bocaux de conserve
    Cela a commencé comme une passion dans sa cuisine, puis Sonia Holm s’est mise à vendre aux amis, puis au public. Depuis le mois de mai, elle existe en tant qu’entreprise, même si le magasin est situé dans la ferme familiale. Elle a donc sillonné Vaud, Valais et même l’étranger pour trouver les produits qu’elle met en conserve, depuis les choux-fleurs aux cacahuètes jusqu’aux compotes de fruits et aux confitures. Une gamme de 80 produits disponibles selon les saisons.
    Happy Bocal, 1072 Forel Lavaux. Tél. 021 781 12 61.

    rosiere_Estavayer.jpgDes biscuits sans handicap
    La Fondation broyarde en faveur des personnes handicapées adultes fête ses 20 ans. Et la fabrique de biscuits qu’elle a reprise en 1994 fait des merveilles, comme le prouvent les produits qui sortent des ateliers où travaillent ces handicapés adultes. Meringues blanches, au chocolat ou aux pistaches, flûtes au beurre, pains d’anis, bricelets, croquets ou caramels ont séduit l’équipe du guide, émue de voir cette équipe produire de tels délices.
    La Rosière, 1470 Estavayer-le-Lac. Tél. 026 663 99 34. www.larosiere.ch.

    Article paru dans 24 heures du vendredi 24 octobre

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  • Une tarte au gruyère et au miel, vive la Suisse

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    gruyere.jpgJ'aime beaucoup le magazine Saveurs. Et quand il fait l'honneur de consacrer à la Suisse un petit dossier Gruyère, avec de magnifiques photos, il renforce la crédibilité que je lui prêtais de bon coeur. Il faudra que j'essaie leur recette de tarte au gruyère et au miel...

    Six pages entières consacrées au gruyère, pour expliquer aux lecteurs français que le gruyère n'a pas de trous, qu'il possède une AOC, qu'il est fait par de vrais artisans du goût et qu'il est... Suisse. C'est presque trop beau pour être vrai. Et il n'y a pas la moindre erreur dans l'article.

    Parmi les trois recettes proposées, j'ai été intringué par leur tarte. Il faudra que je la fasse un de ces jours. Vous voulez la recette? Y a qu'à dire.

    Ingrédients pour six personnes

    • 1 rouleau de pâte brisée
    • 3 oeufs battus
    • 300 g de gruyère suisse râpé
    • 40 cl de crème fraîche entière
    • 2 c. à s. de miel
    • 25 g de pignons grillés
    • Beurre, sel et poivre du moulin

    Préparation

    1. Préchauffez le four à 180 degrés
    2. Etalez la pâte sur un plan de travail propre et sec, piquez-la à la fourchette, enroulez-la sur votre rouleau et déroulez-la sur un moule à manqué de 18 cm de diamètre, beurré (à l'envers, pour que les trous soient contre le fond du moule). Glissez 30 minutes au réfrigérateur. Puis déposez une feuille de papier sulfurisé sur la pâte et versez des poids de cuisson (lentilles par exemple). Faites pré-cuire à blanc pendant 10 minutes.
    3. Pendant ce temps, dans un saladier, mélangez les oeufs avec la crème fraîche, le gruyère râpé, 1 c. à s. de miel et les pignons, salez légèrement et poivrez.
    4. Sortez la pâte précuite du four. Montez la température de celui-ci à 190 degrés.
    5. Versez la préparation sur le fond de tarte et faites cuire pendant trente minutes (n'hésitez pas à couvrir la tarte en cour de cuisson avec un papier d'aluminium pour éviter qu'elle ne brûle).
    6. Attendez qu'elle refroidisse un peu avant de démouler. Au moment de servir, arrosez d'un filet de miel et saupoudrez de quelques pignons.

    Bon appétit.

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  • Le Québec a d'autres recettes que la poutine!

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    erable.jpgOui, cela fait deux semaines que ce blog dormait de son sommeil du juste. Tout simplement parce que son auteur en profitait pour visiter le Québec avec bonheur. Mes excuses pour les nombreux fans (:-) Et voici déjà les réponsew à ceux qui répondent automatiquement "poutine" quand on leur parle du Québec. Réponse 1: oui, la poutine, c'est toujours aussi mauvais. Réponse 2: le Québec a bien d'autres plaisirs culinaires à faire découvrir.

    Bien sûr, il faut parfois chercher le bon restaurant parmi quelques diners et autres pasta qui fleurent l'Amérique voisine. Mais il y a foule de bonnes tables, d'adresses branchées et de cuisiniers inventifs. La vieille ville de Montréal, reconvertie en quartier branché, fait le plein de restos tendances proposant un mélange de cuisine à influence méditerranéenne ou asiatique. Mon seul regret: manger vraiment canadien devient difficile. Il faut ruser pour trouver des fèves au lard, de la salade de gourganes, de la tourtière ou des tartes au bleuet.

    La spécificité canadienne tient aussi au sirop d'érable, cette institution sacrée qui se décline en différents produits qu'on ne trouve que là-bas, entre sirops de couleurs différentes selon leur concentration, caramel ou beurre d'érable. Et les Québécois sont les champions pour utiliser leur sirop dans des préparations salées, souvent avec bonheur. Un exemple? Tiré de la brochure des Produits d'érable du Québec, voici les légumes caramélisés à l'érable.

    Ingrédients pour quatre

    • 1 carotte moyenne pelée
    • 1 panais moyen pelé
    • 1/2 patate douce pelée
    • 1/2 céleri-rave de la grosseur du poing, pelé
    • 1/2 courgette
    • 15 ml de beurre (1 c. à s.)
    • 30 ml de sirop d'érable (2 c. à s.)
    • 60 l de pacanes (noix de pécan)
    • sel et poivre
    • morceaux de sucre d'érable au goût

    Préparation

    1. Tailler les légumes en julienne. Cuire la carotte, le panais, la patate douce et le céleri-rave 5 minutes à la marguerite (dans un panier à légumes) dans une grande casserole. Ajouter la courgette et cuire deux minutes de plus. Retirer du feu.
    2. Dans un poêlon, faites fondre le beurre. Ajouter le sirop d'érable et faire cuire une minute en brassant.
    3. Verser les légumes dans le poêlon et enduire de la sauce à l'érable. Saler et poivrer. Retirer du feu.
    4. Faire griller les pacanes au four sur la grille du haut. Au moment de servir, décorer les légumes avec les pacanes grillés. Si désiré, ajouter quelques morceaux de sucre d'érable.

    J'aurais aimé vous le faire avec l'accent...

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  • Les poissons du lac infectés, les huîtres décimées, dur, dur...

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    Les poissons du Léman risquent d'être infectés (et de nous infecter) par le bothriocéphale. L'huître française est décimée par une mystérieuse maladie. Sale temps dans nos assiettes pour qui aime les produits du lac et de la mer...


    tartarefera.jpgAccusé numéro 1: le bothriocéphale, dit également "ténia du poisson". C'est Le Matin qui nous l'apprend, ce ver géant guette le pauvre amateur de poissons du Léman en nombre. Le Service genevois de la consommation et des affaires vétérinaires est inquiet: sur 132 prélèvements effectués dans des restaurants, poissonneries et magasins genevois, la chair de filets de perche était infectée dans sept cas. Si vous avez un côté dramatique, vous saurez donc que la larve attend sagement dans la chair du poisson. Une fois que vous l'ingérez, elle se développe dans votre intestin avec bonheur, pour atteindre jusqu'à 10 mètres de long. Pas très rassurant. Mais la prévention est simple: il suffit, soit de cuire le poisson, ce que l'on fait quand même assez souvent, soit de le congeler au moins 24 heures, si on prévoit de le manger cru, en tartare (photo) ou en sushi. Ouf, on aime tant la féra et la perche par ici...

     

    huitre.jpgAccusé numéro 2:  on ne le connaît pas encore. On connaît son crime, à savoir tuer les jeunes huîtres françaises et hollandaises. Il y a toujours une mortalité chez les jeunes huîtres, mais là, ça tourne au cauchemar, avec des taux de 40 à... 100% de jeunes tués. La récolte de cette année n'est pas menacée, puisque les huîtres adultes ne sont pas touchées, mais c'est tout l'avenir qui est en péril. Les ministères ont mis sur pied de véritables cellules de crise avec l'Ifremer (Institut français d'exploitation de la mer), qui a mobilisé "tous ses moyens scientifiques" pour trouver une parade au phénomène. Parmi les suspects: un changement de la température de l'eau, un virus mystérieux ou la présence de micro-algues. Qu'on se rassure, les huîtres que vous trouverez sur les étals cette année sont totalement comestibles et il n'y a aucun risque pour l'homme. Mais, après la grande épizootie des années 70, qui avait liquidé les huîtres dites "portugaises" élevées en Europe. Il avait fallu alors que les ostréiculteurs se lancent dans l'huître japonaise, qui peuple la majorité de nos parcs aujourd'hui.

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  • Que de pétrole pour une bouteille d'eau

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    BlingH2O.jpgL'eau considérée comme un vin grand cru, ça peut être une bonne idée. Une bonne idée marketing, peut-être. Mais quand on fait voyager des litres d'eau depuis l'autre bout de la Terre, la bonne idée devient navrante. L'exemple d'un restaurant neuchâtelois me fait grimper l'énervomètre à des altitudes démesurées.

    Un point presse sera organisé la semaine prochaine par le Restaurant Lake Side, de l'Hôtel Beaulac de Neuchâtel. Jean-François Thielens, chef dudit restaurant, est tout fier de présenter sa nouvelle "carte entièrement dédiée aux eaux minérales des 5 continents"... Dix eaux minérales seront ainsi proposées aux convives, provenant de la Terre entière. Par exemple, la Cloud Juice est issue des eaux de pluie sur King Island, une île de Tasmanie. La Harrogate SPA provient d'Angleterre et était, paraît-il, la préférée du roi George II. L'Ogo vient des Pays-Bas. Et, luxe du luxe, la Bling H2O vient de Tennessee, Etats-Unis, et peut coûter jusqu'à 40 dollars la bouteille en magasin (photo)! De qui se moque-t-on? Que l'on trouve des gogos pour acheter pareille débilité, ce n'est pas notre problème. Mais faire voyager de l'eau sur des dizaines de milliers de kilomètres quand tout le monde parle d'économies d'énergie et de pollution est juste d'une débilité rare. Non, je n'irai pas à la présentation des eaux magiques de M. Thielens. Et j'espère que vous ne tomberez pas dans ce panneau-là!

     

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  • Les amis de La Gare

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    Je vous ai parlé de la fête du Restaurant La Gare, à Cully, ici. A part l'exquise cuisine de Jean-Luc Vermorel, c'était vraiment sympa de voir un cuisinier qui met en avant ses producteurs plutôt que de se mettre lui en vedette. On a découvert ainsi:

    - Yvan Lavanchy: fils et petit-fils de pêcheurs, voire plus, lui-même ne le sait plus très bien. A Paudex, il voue une vraie passion pour les poissons du Léman, qui sont, on le sait, les plus fins du monde... Pour avoir dégusté ses filets de perche chez Vermorel, on ne peut que vous les conseiller. A la fête, c'était le féra qui tenait la vedette, servi façon gravlax, avec une préparation qui respectait toute la finesse de ce produit merveilleux dont j'ai récemment parlé.

    - Ludovic Perroud: ce jeune boucher a repris la Boucherie Nardi de Cully, il y a deux ans et demi. "J'ai arrêté toute l'importation, sauf celle des produits qui en valent la peine." Agneau d'Ecosse, par exemple, ou porc de Bigorre, ce porc noir du Sud-Ouest. Une viande magnifique. Un boeuf rassis sur l'os pendant trois semaines, comme cette aiguillette de rumsteak que Vermorel sert avec une sauce échalote et réduction de balsamique, cuisson lente, d'une tendreté à faire pleurer un vrai dur.

    - Eric Pibiri: le jeune patron de (ça ne s'invente pas) Bonne Saveur Bonne Humeur, à Yverdon-les-Bains, propose aux restaurateurs des foies gras de canard d'une fraîcheur impeccable. Vous commandez le mardi, le canard est tué le mercredi et livré le jeudi. Qui dit mieux? Son réseau de producteurs de canards est exclusivement bio, les bêtes sont nourries au maïs, sans aucune farine. Et le résultat est convaincant.

    Du côté des vins de la région, c'était également un plaisir de déguster des grandes choses de Lavaux:

    - Essence lémanique: Henry Chollet cultive son viognier sur une terre légère, le vinifie sans malo, bâtonné, avec quelques passages en barrique, pour obtenir un nez de pêche et d'abricot, une belle minéralité.

    - Dézaley Marsens, vase No 4: Grégoire et Frédéric Dubois cultivent du chasselas à l'ancienne, en vignes basses, taille courte, rendements limités, pour obtenir un chasselas de gastronomie, vinifié sur lie, puis douze mois en foudre. Le résultat: des arômes concentrés de miel, de noisette et de fruits confits, avec une belle longueur en bouche.

    - Chemin de terre: Luc Massy continue à dire que le Dézaley est une terre à chasselas, mais il expérimente quand même ce rouge, assemblage de pinot noir et de gamay, avec une touche de merlot, de syrah et de cabernet sauvignon. Pour son deuxième millésime, il propose un rouge très sur le fruit, tout en nervosité et en fraîcheur.

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  • Sauvez la truffe

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    On était l'autre soir chez Crisci, à Cossonay. On avait eu envie d'un petit rösti aux truffes mais l'ami Carlo a levé les yeux au ciel. "Cela fait déjà la 5e livraison de truffes que je refuse. On n'en trouve plus. Ou alors, des truffes émiettées, de mauvaise qualité, à des prix prohibitifs." Petite parenthèse, là, quand on parle de la truffe, c'est de la vraie, la noire, la Tuber melanosporum, alias la truffe du Périgord. Eventuellement, de la truffe de Bourgogne, Dame Tuber uncinatum. Parce que vous trouvez de tout, dans les restos et magasins pompeux, de la Tuber brumale ou de la truffe de Chine (Tuber indicum).

    La truffe noire
    La truffe noire se faite rare.
    (photo Poppy/Wikipedia)
    Non, la vraie truffe est en voie de disparition. Un chiffre de l'INRA, l'Institut français de recherche agronomique: "Malgré la plantation annuelle en France de quelques 300 000 arbres truffiers, soit 1000 à 1200 hectares, la production de truffe a tendance à diminuer. Elle est passée de plus de 1000 tonnes à la fin du XIXe siècle à moins de 100 tonnes actuellement."

    Mais qu'est-ce qui fait disparaître ce champignon souterrain? Plusieurs phénomènes. D'abord, le réchauffement climatique et la sécheresse de ces dernières années. L'ascomycète se développe dans le sol, entre 1 et 15 cm de profondeur, en s'accrochant aux racines des arbres trufiers. Mais il aime l'humidité, comme tout champignon qui se respecte, surtout au printemps et en août.

    La seconde raison de cette lente disparition fait penser à ces histoires d'envahisseurs venus d'autres continents. On a connu l'écrevisse rouge ou la tortue américaine qui dévastent les populations locales. Là, c'est la compétition entre les différentes Tuber qui est en cause. Et comme la brumale ou la chinoise ont un fort pouvoir colonisateur, elles piquent la place des melanosporum sur les racines disponibles. Pis, le brave trufficulteur qui aura placé son mycélium devra attendre 4 à 5 ans avant de découvrir que la truffe qu'il récolte n'a rien à voir avec la truffe qu'il avait "semée".

    Un espoir: l'INRA a passé un accord avec des universités belge et italienne pour commencer le génomage de la truffe noire...

    Je sens qu'on va devoir encore attendre pour ce rösti aux truffes...

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